Fidèle à son argumentaire qu'elle déploie avec dextérité à chacune de ses sorties sur le terrain, Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a, lors d'un meeting hier matin à la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, fait une analyse de la situation politique nationale et internationale. De fil en aiguille, et dans un discours qui a duré environ 1 heure 30, Mme Hanoune a passé en revue les volets liés bien sûr aux élections du 29 novembre et à la situation sociale, politique, économique et sécuritaire. D'emblée et comme pour lever une zone d'ombre, elle éclairera l'assistance sur le financement de la campagne de ses candidats qui, dit-elle, provient essentiellement du fonds ou de la caisse de wilaya du parti. Elle s'étalera ensuite, dans un discours en langue nationale entrecoupé de quelques phrases en français, essentiellement pour expliquer certains concepts sur le rôle de la commune. Elle dira à ce propos que «la commune doit être un mini-Etat où le P/APC doit avoir les prérogatives nécessaires pour répondre aux doléances des citoyens». Tout en parlant d'une fraude massive lors des élections législatives du 10 mai dernier, elle justifiera la participation de son parti aux locales par le fait qu'elle «croit au changement et que celui-ci reste du domaine du possible», avant de souligner que le projet de réformes politiques initié par le Président a été vidé de son sens. Elle accusera nommément les députés FLN et RND d'avoir réussi à le faire et que le code communal et de wilaya dépouille justement les élus locaux de toutes prérogatives et ceux-ci se retrouvent de ce fait face à l'hégémonie et sous la coupe de l'administration. C'est pourquoi elle a revendiqué, au moins, un équilibre entre l'élu et l'administration. Mme Hanoune, qui a reconnu qu'on est loin de prétendre à une pratique démocratique, dira que la démocratie doit se faire à la base. Elle plaidera aussi pour la mise en place d'un système de péréquation aux lieu et place d'un système de décentralisation comme prôné par certains, et ce, pour arriver à une certaine équité car, explique-t-elle, la démocratie participative est un concept qui émane de la Banque mondiale. Elle vise, (la démocratie participative, ndlr), a ajouté Mme Hanoune, à instaurer une politique d'austérité. C'est pourquoi elle clamera sous les applaudissements : «Nous sommes contre cette politique». Elle dénoncera pratiquement toutes les institutions internationales, comme la Banque mondiale, l'UE, le FMI ainsi que la France et les Etats-Unis dont la politique ne vise qu'à faire main basse sur les richesses du pays. Le prêt de 5 milliards de dollars accordé par l'Algérie au FMI a été sévèrement dénoncé par la SG du PT : «Ces 5 milliards de dollars, nous en avons besoin pour booster l'économie nationale. On est contre et on rejette ce prêt qui a induit une réduction de 10 à 13% des budgets pour l'année 2013 de certains ministères comme ceux de l'Industrie, de l'Economie et de la Pêche». C'est aussi en citant ces pays qu'elle rebondira sur la question du Mali et le bruit de bottes qu'on entend aux frontières avec l'Algérie. Elle dénoncera avec la plus grande vigueur les plans de Paris, de Washington et des partisans d'une intervention militaire internationale dans le nord de ce pays riche en ressources naturelles dans le «le but évident» non seulement de vendre leurs armes mais aussi de propager ce conflit armé vers le Sud algérien, zone réputée pour les richesses de son sous-sol. «Il y a un grand danger à nos frontières», avertit-elle, tout en soutenant la décision des autorités algériennes de fermer les frontières en cas d'agression contre le Mali, avant de préconiser la fermeture de l'espace aérien au sud du pays.