C'est un véritable carnage ! Au sixième jour de l'agression militaire israélienne contre les civils palestiniens de Ghaza, au moins 20 personnes ont été tuées hier dans des frappes aériennes de l'armée d'occupation, selon des sources médicales, ce qui porte le nombre de morts à 95, côté palestinien, et celui des blessés à plus de 730 depuis mercredi, date du début de l'agression. Parmi les victimes d'hier, on compte deux hommes d'une trentaine d'années tués alors qu'ils circulaient à moto à l'est de Khan Younès (sud). Un enfant qui se trouvait avec eux a été grièvement blessé, selon les services des urgences de Ghaza. Une autre frappe a touché une voiture dans le sud de la ville, tuant un homme de 23 ans. Auparavant, 4 personnes, dont un enfant de 5 ans et deux femmes de 20 et 23 ans, ont été tuées par un raid dans le quartier de Zeitoun. Trois Palestiniens d'une même famille ont également péri dans une frappe sur leur voiture à Deir Al Balah (Centre). En outre, un fermier de 50 ans a été tué à Beit Lahiya (Nord) et deux autres fermiers ont été tués dans une frappe sur Qarara, à l'est de Khan Younès. La journée d'hier a connu une forte escalade de la violence et devrait être la journée la plus meurtrière depuis le début de la guerre contre Ghaza. Selon Ziad Medoukh, responsable du département de français à l'université Al Aqsa et coordinateur du Centre de la Paix de Ghaza, qui témoignait pour le site internet Palestine-Solidarité : «La matinée (d'hier) est la plus sanglante depuis le début de l'agression israélienne contre les civils de Ghaza.» Selon lui, à 11h, on pouvait déjà compter «20 martyrs, dont 5 enfants, 4 femmes et 5 personnes âgées ainsi que pas moins de 70 blessés. 40 maisons ont été détruites et au moins 15 bâtiments publics bombardés (dont le bâtiment de la police et le Centre sportif de Palestine, complètement détruits) par les 200 raids israéliens de la matinée» d'hier. Un remake de «Plomb durci» Dans la journée, d'autres victimes continuaient de tomber. Le directeur de l'hôpital Al Aouda de Ghaza, le Pr Fadhel Djouda, a été tué dans un tir qui a ciblé sa voiture. Une autre voiture portant l'inscription TV a également été ciblée par un tir tuant les deux hommes à bord. Alors que l'aviation et la marine israéliennes continuaient de bombarder l'étroite enclave palestinienne qui compte une des populations les plus denses au monde (1000 habitants/km2), les funérailles des martyrs tombés dimanche, notamment les sept membres de la famille Ad Dallou, tous enterrés dans la même tombe, ont réuni des centaines de personnes. «Est-ce que les enfants tirent des roquettes ?», criait la foule en portant les cadavres des quatre enfants de la famille Ad Dallou, comme réponse au prétexte d'Israël. Avec la persistance des menaces israéliennes d'intensifier l'opération «Pilier de défense», cette dernière commence à étrangement rappeler l'opération «Plomb durci» en décembre 2008 - janvier 2009. Une agression de 22 jours qui avait fait plus de 1400 martyrs palestiniens dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants. «Aujourd'hui, on parle de dizaines de martyrs, demain on va commencer à parler de centaines de morts, avec le silence complice du reste du monde», a déploré le Palestinien Ziad Medoukh, également analyste et poète, tout en affirmant : «Ghaza la courageuse résiste.» La résistance met fin à la division Face à un massacre de civils annoncé, les dirigeants des mouvements palestiniens Fatah, Hamas et Jihad islamique en Cisjordanie ont appelé à l'unité hier à Ramallah et promis de mettre fin à la division, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Ghaza. «De Ramallah, nous annonçons avec les leaders des autres mouvements que nous mettons fin à la division», a déclaré Jibril Rajoub, haut responsable du Fatah, parti dirigeant de l'Autorité palestinienne, devant un millier de manifestants brandissant le drapeau national palestinien. «Celui qui parlera de la division après aujourd'hui est un criminel», a assuré Mahmoud Al-Ramahi, chef du Hamas en Cisjordanie. De nombreuses manifestations, émaillées de heurts avec les forces de sécurité israéliennes, ont éclaté ces derniers jours dans les grandes villes de Cisjordanie et dans des quartiers palestiniens de Jérusalem-est occupée pour dénoncer l'agression israélienne contre les groupes armés de Ghaza. Aussi, la résistance armée, aux moyens très timides comparés à ceux de l'armée de l'entité sioniste, se poursuivait hier. Ultimatum israélien de 36 heures et les exigences de Hamas Israël s'est prononcé hier après-midi pour une solution diplomatique, mais sans retirer sa menace d'étendre l'agression aérienne à une incursion terrestre. Des médias ont rapporté hier que «l'administration politique de Jérusalem a envoyé à l'Egypte un message indiquant que l'opération israélienne serait étendue, si un cessez-le-feu n'était pas conclu sous 36 heures». Un responsable israélien a déclaré hier à un média français : «Nous préférerions une solution diplomatique qui garantisse la paix pour la population du sud d'Israël. Si c'est possible, une opération terrestre ne sera plus nécessaire.» Dans ce contexte, les efforts diplomatiques se sont intensifiés hier. Le Premier ministre égyptien, Hicham Kandil, intermédiaire dans les négociations pour une trêve, a estimé que les parties concernées étaient «proches d'une trêve», a rapporté l'agence Reuters. Précédemment, l'agence palestinienne Maan a publié les conditions posées par les deux parties en conflit en vue d'un cessez-le-feu. Selon l'agence, les Palestiniens exigent la levée du blocus de Ghaza imposé depuis 2007 et dont la levée était promise en 2009 mais n'a jamais été appliquée, tandis qu'Israël veut obtenir l'arrêt des tirs de roquettes et une trêve de 15 ans. Compte tenu de la menace d'une offensive terrestre israélienne, le temps semblait compté pour les tractations en vue d'une trêve. «Les plans pour un accord avec le Hamas sont maintenant entrés dans leurs 24 heures cruciales (...). Maintenant, il y a une course contre la montre : entre la voie d'une escalade militaire et celle menant à un accord», a estimé Alex Fishman, l'expert militaire du quotidien Yedioth Aharonot. En attendant une solution qui mette fin à cette agression, le ballet diplomatique dans la région continue. Hier, l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, et le ministre allemand des Affaire étrangères, Guido Westerwelle, se sont rendus à Jérusalem alors que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, est attendu aujourd'hui à Ghaza à la tête d'une délégation ministérielle ainsi que le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, selon les agences de presse.