La lettre du président de la Fédération internationale de handball au président du Comité olympique algérien dans laquelle il l'avise que la Fédération algérienne de handball pourrait bien être suspendue si le ministère de la Jeunesse et des Sports continue à s'ingérer dans les affaires de celle-ci fait encore parler d'elle dans les cercles du mouvement sportif national. Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois qu'une Fédération sportive internationale fait part d'une menace de ce genre à l'encontre du sport algérien. C'est ainsi qu'en 1996, le MJS avait suspendu le président et le bureau fédéral de la Fédération algérienne de football consécutivement à l'élimination de l'équipe nationale de la Coupe du monde par le Kenya. A la suite de quoi on avait procédé à l'élection d'un nouveau président de la FAF, à savoir Mohamed Laib, celui qui dirige actuellement l'USM El Harrach et d'un nouveau bureau fédéral. Tout cela s'était déroulé en présence du secrétaire général de la Fifa qui ne s'était pas gêné, une fois de retour en Suisse, pour détruire tout le scénario qui a été monté à l'occasion de cette AG élective. Résultat des comptes : Laib avait été «dégommé» (il avait démissionné mais il ne pouvait faire autrement que de s'en aller car la Fifa refusait de le reconnaître comme président de la FAF), son bureau fédéral également et l'ancienne direction de la FAF avait été autorisée à venir défendre ses bilans en AG, chose qu'on lui avait refusée auparavant. Cette Fédération avait alors vécu une période très mouvementée avec une direction formée des présidents des 6 ligues régionales. Ce n'est qu'avec l'élection de feu Mohamed Diabi en 1997 qu'elle avait retrouvé une forme de gestion normale. En tout cas, depuis cet épisode, la FAF est tout le temps restée sous la loupe de la Fifa et à un certain moment, la Fédération internationale était revenue à l'assaut. Cela s'est passé en 2005-2006, au moment de l'application du décret exécutif 05-405 relatif aux fédérations sportives. Un texte qui réduisait l'autonomie des fédérations sportives algériennes. Tout le monde avait accepté le 05-405 Il faut bien garder en mémoire qu'à ce moment-là il ne s'est pas trouvé une seule fédération sportive internationale pour mettre en garde les fédérations algériennes qui leur étaient affiliées contre l'application des dispositions du décret 05-405. Pas même la Fédération internationale de handball que présidait déjà, à l'époque, l'Egyptien Hassan Mustapha qui, aujourd'hui, parle de suspendre la FAHB sous prétexte qu'elle ne bénéficie pas d'autonomie dans son pays. La FAHB et toutes les autres fédérations sportives algériennes avaient, alors, procédé à la mise en conformité de leurs statuts respectifs avec le décret en question, un décret, répétons le, dont certaines dispositions limitaient, à un point appréciable, l'autonomie d'une fédération sportive. Une seule fédération avait refusé de le faire, celle du football pour la simple et bonne raison qu'elle savait que ses statuts modifiés et remodelés selon le décret 05-405 seraient refusés par la Fifa. Cette dernière s'était même manifestée par un courrier invitant la FAF à rester dans les normes de l'autonomie sans quoi elle courrait vers une suspension à l'échelle internationale. Finalement, un compromis avait été trouvé de manière à ce que la FAF ne se mette pas en porte-à-faux vis-à-vis de la règlementation nationale tout en respectant la règlementation internationale, à savoir qu'elle avait mis ses statuts en conformité avec le décret 05-405 mais en évitant les dispositions qui posaient problème pour la Fifa. La seconde fédération sportive algérienne à avoir subi les remontrances de la Fédération sportive internationale à laquelle elle était affiliée, est celle de l'athlétisme. En 2006, le ministère de la Jeunesse et des Sports avait suspendu le président de la Fédération algérienne qui gérait ce sport, ce qui avait poussé l'IAAF à intervenir. Cette dernière avait alors exigé que le président en question ait la possibilité de défendre ses bilans en assemblée générale puis d'avoir le droit de se représenter pour un nouveau mandat. Ce processus avait été respecté sauf qu'au moment des élections, le président avait préféré se retirer et ne pas se représenter. Il est vrai, cependant, que le MJS ne disposait pas d'arguments valables pour attaquer ce président. On l'avait accusé de mille maux dont celui de travailler dans une boutique qui appartient à son épouse (!) sans apporter de preuves. Il faut bien spécifier que, dans l'absolu, l'autonomie dans le mouvement sportif algérien n'existe pas comme elle n'existe pas dans n'importe quel autre mouvement sportif national dans le monde à partir du moment où celui-ci émarge au budget de l'Etat pour fonctionner. Jacques Rogge prône la bonne gouvernance. D'un autre côté la politique sportive, de manière générale, est établie par le gouvernement de chaque pays. Chaque fédération sportive nationale est obligée de se référer à cette politique pour activer. En octobre 2010, lors du premier Congrès des sports olympiques qui s'était déroulé à Acapulco (Mexique), le président du CIO, le Comte Jacques Rogge, s'était adressé à un parterre composé de ministres de la Jeunesse et des Sports de presque tous les pays de la planète. Il avait insisté sur le fait qu'il fallait «maintenir une relation de collaboration fructueuse entre le mouvement olympique et les autorités publiques. Celle-ci est essentielle dans tous ces secteurs». «Nous visons une relation mutuellement bénéfique qui fait avancer nos objectifs communs», avait-il déclaré avant d'ajouter : «Nous savons que le sport ne peut se développer sans la coopération des autorités gouvernementales et publiques en général. Mais nous savons aussi que le sport peut apporter son soutien à ces dernières.» Que signifie «autonomie du sport ?» «Permettez-moi de vous dire tout d'abord ce que cela ne signifie pas : cela ne veut pas dire que nous sommes au-dessus des lois ou que nous ne sommes pas tenus de respecter les principes de bonne gouvernance. Cela signifie simplement que le monde du sport et l'administration sportive devraient être libres de toute ingérence politique ou gouvernementale directe. Que les gouvernements ne devraient pas interférer dans les élections équitables des comités nationaux olympiques ni chercher à imposer la sélection d'entraîneurs ou d'athlètes. Nous devrions pouvoir former librement des organisations, fédérations et clubs sportifs. Nous devrions pouvoir déterminer librement les règles du sport et établir les structures et procédures pour la pratique de celui-ci.» Et le président du CIO d'ajouter : «L'autonomie du sport s'appuie sur la nature unique de celui-ci. Le sport est une activité qui se pratique sur toute la planète et qui repose sur des normes mondialement acceptées de fair-play et de compétition équitable.» On comprend, dès lors, que le président de la Fédération algérienne de handball et celui de sa Fédération internationale font fausse route. Cette Fédération, entièrement financée par l'Etat, a des comptes à lui rendre et pas seulement sur le plan de la comptabilité. Ne pas être au-dessus des lois nationales, comme le dit Jacques Rogge, signifie que l'on doit se soumettre à l'inspection de son ministère et qu'en cas d'anomalie on doit apporter les preuves de sa bonne foi. La Fédération algérienne de football est parvenue à une autonomie financière vis-à-vis de l'Etat grâce à un savoir-faire sur le plan du marketing et du sponsoring. L'argent qu'elle reçoit de celui-ci, elle le thésaurise de manière à le fructifier pour des opérations à venir dans les prochaines années. Elle pourrait dire qu'elle a le pouvoir d'être autonome vis-à-vis du MJS mais elle ne le fait pas. Elle se soumet aux règles de la bonne gouvernance prônée par le CIO et reprise par l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, le Pr Mohamed Tahmi. Mais cette Fédération se permet des extravagances du genre de celle qui a mis de côté, pour un championnat, des clubs qui offrent à l'équipe nationale le plus gros de son effectif. C'est cette dérive que le MJS a tenté de freiner en intervenant pour geler ledit championnat. Et le président de la FAHB, issu d'une élection basée sur le principe d'un décret qui limitait l'autonomie d'une fédération sportive, ne semble pas être bien placé pour réclamer cette autonomie.