Un rapport accablant sur la rétention administrative des étrangers en France a été publié, hier à Paris, par l'Association d'aide active aux immigrés, la Cimade, qui appelle à une réforme «urgente» des centres et locaux de rétention. «En métropole, un quart des personnes étrangères placées en rétention à compter de juillet 2011 ont été éloignées avant le cinquième jour d'enfermement, c'est-à-dire avant d'avoir pu voir le juge judiciaire. En Outre-mer, le contrôle des juges relève de l'exception», s'est indignée l'ONG dans son rapport 2001 sur les centres et locaux de rétention administrative en France. Pour la Cimade, c'est l'un des «constats alarmants» que dressent cinq associations présentes en rétention dans leur rapport. Ce deuxième rapport commun apporte, chiffres et témoignages à l'appui, une analyse «inédite» de l'application de la loi Besson sur l'immigration, entrée en vigueur en juillet 2011, selon les auteurs du rapport qui met en évidence le «contournement, voire la mise à l'écart des juges au profit du pouvoir de l'administration, des situations de droits bafoués, d'éloignements expéditifs, d'interpellations abusives, d'enfermement inutile qui en devient parfois punitif», relève-t-on. Ce constat sans appel est plus grave encore en Outre-mer, estime la Cimade qui signale que, durant cette même année 2011, ces pratiques ont été à plusieurs reprises sanctionnées par les plus hautes juridictions françaises et européennes. L'ONG affirme que les Roumains et les Tunisiens ont «particulièrement été ciblés» en 2011.