Plus de 60.000 personnes sont passées en 2010 par un centre de rétention en France métropolitaine ou en Outre-mer, dans un contexte de surenchère répressive contre les étrangers, ont indiqué jeudi cinq associations partageant une expérience sur la réalité du traitement des étrangers dans l'Hexagone. Dans leur premier bilan commun sur la rétention administrative des étrangers en France, ASSFAM, la Cimade, Forum réfugiés, France terre d'asile et l'Ordre de Malte France fustigent ce régime d'exception qu'est la rétention, signalant que le nombre de places en centre a augmenté de plus de 80% entre 2005 et 2011. "Le nombre des familles et des enfants en centre de rétention est en constante augmentation : en 2010, 178 familles ont été enfermées avec 356 enfants, dont 57 nourrissons, contre 318 en 2009", regrettent-elles. Sans préjuger des constats à venir, ces associations dénoncent le renforcement de ce régime d'exception et la "banalisation" de l'enfermement comme mode de gestion des étrangers en situation irrégulière. Les premiers mois de 2011 ont été marqués par la discussion puis l'adoption d'une nouvelle législation sur les étrangers contre laquelle les associations se sont mobilisées. Celle-ci allonge la durée de rétention et réduit le contrôle des pratiques policières et administratives par le pouvoir judiciaire. "Nous ne pouvons en tirer qu'un bilan accablant : celui de l'obsession statistique au détriment du droit. En d'autres termes, il s'agit d'une politique qui pousse trop souvent les autorités à éloigner à tout prix plus d'étrangers en bafouant les procédures et les droits les plus fondamentaux, en mettant en œuvre une politique d'éloignement qui démontre son inefficacité et son injustice", constatent-elles. Missionnées dans le cadre d'un nouveau marché public pour exercer l'information et l'aide effective à l'exercice des droits des personnes retenues en centre de rétention, ces cinq associations ont constitué, dès 2009, un comité de pilotage avec pour objectifs d'échanger sur les bonnes pratiques et de construire une vision globale des conditions de rétention.