Les enseignants et les travailleurs de l'université d'Alger II à Bouzaréah ont entamé hier leur premier jour de grève afin de dénoncer la mauvaise gestion de l'université qui perdure depuis des années. Ce mouvement est soutenu par le Conseil national des enseignants (Cnes) et un syndicat affilié à l'UGTA. Ce debrayage a été décidé lors d'une assemblée générale tenue mercredi dernier. Cette stratégie a pour but d'octroyer à la tutelle la possibilité d'intervenir rapidement et d'éviter de pénaliser le secteur bien que d'autres actions aient été suggérées, à l'instar d'arrêts de travail cycliques. Le conflit oppose les enseignants au recteur depuis une année, selon M. Abdelmalik Rahmani, SG du Cnes. Il a expliqué que «c'est la mauvaise gestion du recteur» qui avait poussé les enseignants à réagir, d'autant que l'année dernière, il avait affiché une note enjoignant les enseignants à racheter les étudiants à partir d'une note de 9,50/20. «Cette démarche contribue à déposséder les enseignants de leurs prérogatives pédagogiques. Le recteur, à travers cette note, a voulu faire passer un maximum d'étudiants, pour que la nouvelle vague ne soit pas bloquée, selon notre interlocuteur. «C'est-à-dire, faciliter le passage en 2e année pour fluidifier le flux des étudiants. Bien sûr, la gestion de ce flux est une donne importante mais cette dernière ne doit pas s'effectuer au détriment des droits élémentaires des enseignants», nous a-t-il déclaré, ajoutant que son syndicat ne demandait pas le départ du recteur mais «une intervention du ministère de tutelle pour désigner une commission d'enquête à même de cerner les problèmes qui subsistent à l'Université d'Alger II». En outre, il estime que la gestion des flux est un problème qui doit être débattu à l'échelle nationale car elle concerne l'ensemble des universités du pays. «Il est temps que la politique de massification cesse. Nous sommes au bout d'un système qui va entraîner l'université algérienne dans un gouffre», s'est-il alarmé. Aussi, il a tenu à expliquer que la section du Cnes de l'Université d'Alger II était restée en marge du conflit pendant une année et n'avait jamais décrété de journée de grève jusqu'à la semaine dernière, où le recteur s'est substitué aux différents ministères chargées de la mandature des syndicats (Enseignement supérieur, Intérieur, Travail), et a statué sur la validité de la section syndicale du Cnes. «Dès lors qu'il a touché aux libertés syndicales, nous sommes entrés en conflit direct. Nous soutenons notre section syndicale. Nous avons eu une entrevue avec notre ministre de tutelle la veille de l'Aïd El Adha. Le ministre s'est déclaré préoccupé par cette situation qui persiste à l'université. Seule une commission d'enquête sera à même de dévoiler la gestion catastrophique et faire évoluer la position des pouvoirs publics par rapport à ce responsable», nous a-t-il dit, «En remettant en cause la validité du mandat de notre section syndicale, il est passé d'un conflit pédagogique à un conflit d'ordre social. Je me demande à qui profite ce changement de stratégie», s'est-il interrogé. Au lieu de chercher l'apaisement, le recteur s'est mis les enseignants et les acteurs de la scène syndicale à dos», a-t-il dit, ajoutant que le conflit risque de perdurer en cas d'absence de réaction des pouvoirs publics.