Le torchon brûle entre le gouvernement français et la direction d'ArcelorMittal. «Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France», a déclaré Arnaud Montebourg, ministre français du Redressement productif, cité par Les Echos. «Les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants» et il n'a «jamais tenu ses engagements vis-à-vis de l'Etat français», a-t-il ajouté. Réagissant à ces propos, l'entourage de Lakshmi Mittal s'est dit, hier, choqué par les propos du ministre français, selon ce qui a été rapporté par des médias français, «Nous sommes particulièrement choqués par ce qu'a dit M. Montebourg», a déclaré une source proche de l'homme d'affaires indien. «Ce sont des déclarations assez violentes à l'égard d'un groupe qui emploie 20 000 personnes en France», a-t-il été ajouté. Cité hier dans Les Echos, le ministre français du Redressement productif a stigmatisé les mensonges «accablants» du groupe indien depuis qu'il a repris Arcelor en 2006. Il a confirmé qu'il travaillait sur un «projet de nationalisation transitoire» de Florange, à cinq jours de l'expiration du délai accordé au gouvernement pour trouver un repreneur aux deux hauts fourneaux et à l'aciérie du site mosellan, qu'ArcelorMittal veut fermer, a-t-il été rapporté. «Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n'est pas les hauts fourneaux de Florange, c'est Mittal», dit le ministre français, alors que, selon Arnaud Montebourg, le groupe refuse de céder l'activité transformation de l'acier, comme le réclame le gouvernement, pour faciliter la recherche d'un repreneur, en référence à la fermeture d'un autre site lorrain, celui de Gandrange. Sur France Inter, l'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, a apporté son soutien à l'idée d'un «contrôle public transitoire» de Florange, dans le cadre d'une réorganisation de la filière sidérurgique française, a-t-il été rapporté. «L'idée qui consiste à dire que la filière française sidérurgique doit vivre (il y a 2200 personnes sur le site, 22 000 (chez ArcelorMittal) en France et la filière globale c'est 75 000) et que l'Etat, avec le FSI, avec des partenaires comme Eramet, Ascometal, réfléchisse à un contrôle public transitoire (...), ne me paraît pas inadaptée», a-t-il dit. Sur France 2, la présidente du Front national Marine Le Pen a reproché à Arnaud Montebourg sa déclaration «à l'emporte-pièce» contre Mittal, mais a «applaudi» sa volonté de «nationaliser à titre temporaire une activité que je crois stratégique pour notre pays». «C'est rare que nous soyons d'accord, mais là-dessus effectivement nous sommes d'accord», a-t-elle déclaré. Ajoutant : «Mais il l'a dit pour une raison simple : c'est qu'il sait que son gouvernement l'empêchera de le faire.» Les syndicalistes du site de Florange solidaires avec Arnaud Montebourg Les syndicalistes du site de Florange appuient également la démarche d'Arnaud Montebourg, selon ce qui a été rapporté par la presse française, hier. «Est-ce que le gouvernement aura le courage d'aller au bout de la démarche ?», demande Frédéric Weber, membre de la CFDT et porte-parole de l'intersyndicale, cité par la presse française. «Ce qui est sûr, c'est qu'avec Mittal, on est mort», a-t-il ajouté selon la presse française. Une délégation de l'intersyndicale sera reçue mercredi à Paris par Arnaud Montebourg et se rendra ensuite à l'Assemblée nationale. Jeudi dernier, devant les sénateurs, le ministre français avait, est-il rappelé, accusé ArcelorMittal d'être «aujourd'hui redevable aux yeux de l'administration fiscale française d'une dette fiscale que nous considérons astronomique». ArcelorMittal avait apporté un démenti catégorique à ces accusations, est-il rapporté, également.