L'entourage de Lakshmi Mittal s'est dit lundi choqué par les propos tenus par Arnaud Montebourg, qui a durci le bras de fer engagé sur l'avenir de Florange (Moselle) en indiquant que le groupe sidérurgique indien n'était plus le bienvenu en France. De source proche du dossier, on a appris que le président d'ArcelorMittal serait reçu mardi à l'Elysée par François Hollande pour discuter de l'avenir du site lorrain. "Nous sommes particulièrement choqués par ce qu'a dit M. Montebourg", a déclaré une source proche de l'homme d'affaires indien. "Ce sont des déclarations assez violentes à l'égard d'un groupe qui emploie 20.000 personnes en France", a-t-on ajouté. Cité lundi dans Les Echos, le ministre du Redressement productif a stigmatisé les mensonges "accablants" du groupe indien depuis qu'il a repris Arcelor en 2006. Il a confirmé qu'il travaillait sur un "projet de nationalisation transitoire" de Florange, à cinq jours de l'expiration du délai accordé au gouvernement pour trouver un repreneur aux deux hauts fourneaux et à l'aciérie du site mosellan, qu'ArcelorMittal veut fermer. "Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n'est pas les hauts fourneaux de Florange, c'est Mittal", dit-il, alors que le groupe refuse de céder l'activité transformation de l'acier, comme le réclame le gouvernement, pour faciliter la recherche d'un repreneur. "Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France", déclare encore Arnaud Montebourg, ajoutant, en référence à la fermeture d'un autre site lorrain, celui de Gandrange, que "les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants" et qu'il n'a "jamais tenu ses engagements" vis-à-vis de l'Etat français. Selon Les Echos, l'idée du ministre, qui a fait état de deux offres sur l'ensemble de Florange, "serait une association avec un industriel, minoritaire, le temps de stabiliser l'activité" à Florange. Sur France Inter, l'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a apporté son soutien à l'idée d'un "contrôle public transitoire" de Florange, dans le cadre d'une réorganisation de la filière sidérurgique française. "L'idée qui consiste à dire la filière française sidérurgique doit vivre - il y a 2.200 personnes sur le site, 22.000 (chez ArcelorMittal) en France et la filière globale c'est 75.000 - et que l'Etat, avec le FSI, avec des partenaires comme Eramet, Ascometal, réfléchisse à un contrôle public transitoire (...) ne me paraît pas inadaptée", a-t-il dit. Pour le président du nouveau parti centriste UDI, la condition est "de reprendre toute la sidérurgie, tout Mittal et pas simplement la partie en difficulté." Sur France 2, la présidente du Front national Marine Le Pen a reproché à Arnaud Montebourg sa "déclaration à l'emporte-pièce" contre Mittal, mais a "applaudi" sa volonté de "nationaliser à titre temporaire une activité que je crois stratégique pour notre pays." "C'est rare que nous soyons d'accord, mais là-dessus effectivement nous sommes d'accord", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Mais il l'a dit pour une raison simple : c'est qu'il sait que son gouvernement l'empêchera de le faire." Les syndicalistes du site de Florange appuient également la démarche d'Arnaud Montebourg. "Est-ce que le gouvernement aura le courage d'aller au bout de la démarche ?", demande Frédéric Weber, membre de la CFDT et porte-parole de l'intersyndicale. "Ce qui est sûr, c'est qu'avec Mittal, on est mort." Une délégation de l'intersyndicale sera reçue mercredi à Paris par Arnaud Montebourg et se rendra ensuite à l'Assemblée nationale. En affirmant que Mittal n'est pas le bienvenu en France, Arnaud Montebourg franchit un nouveau pas dans son bras de fer avec le groupe sidérurgique. Jeudi dernier, devant les sénateurs, le ministre avait accusé ArcelorMittal d'être "aujourd'hui redevable aux yeux de l'administration fiscale française d'une dette fiscale que nous considérons astronomique". ArcelorMittal avait apporté un démenti catégorique à ces accusations.