Comme si la chose était envisageable, le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, a dû penser que ça relevait de l'humilité des grands en déclarant : «Nous ne pouvons pas avancer de chiffres sur le nombre de sièges que nous gagnerons, mais nous sommes sûrs de nous placer parmi les leaders». C'est à la manière des clubs de foot habitués des premiers rôles dont les dirigeants, par courtoise modestie ou par prudence tactique disent à l'orée de toutes les saisons sportives que leur objectif était le «podium», pour éviter de dire qu'ils ambitionnent d'être champions. On sait que l'humilité n'est pas vraiment la marque de fabrique du RND et de tous les autres partis de la classe politique, mais on sait que pour ce qui y est de la «prudence tactique», il y a vraiment de quoi se garder de pavoiser, surtout pas avant la proclamation des résultats. Le RND était certes sur le... podium aux élections législatives passées, mais son score était plus proche du cinglant revers que du triomphe des «leaders». Le président du MSP, Abou Djerra Soltani, a subi un revers encore plus cuisant lors de la même consultation, lui qui croyait carrément que l'heure de la marée verte était arrivée. Il avait menacé que s'il n'en sortait pas champion avec plusieurs longueurs d'avance, c'est qu'il y a fraude et il avait... menacé tout court. Il n'a pas terminé champion et ses mises en garde ont été ravalées comme un vomis honteux. Le voilà qui parle des «séquelles» des législatives qui ont découragé les électeurs. «Nous avons beau avoir tenté de convaincre les citoyens d'aller voter, ces derniers sont plus que jamais conscients que les élections locales comme les législatives passées ne seront qu'une pièce théâtrale»! Tenter de convaincre les citoyens d'aller voter quand on n'est pas soi-même convaincu est une entreprise difficile, il est vrai. En plus du fait que le théâtre pour M. Soltani, ça le connaît plutôt bien, aller à une élection avec autant d'enthousiasme quand on «sait» que tout est joué d'avance, c'est pas fait pour convaincre mais pour faire rire. En témoigne sa dernière tirade : «Franchement, je n'attends pas grand-chose de ces élections locales. Pour moi, le scrutin du 29 novembre sera une annexe, ou un remake, appelez ça comme vous voulez, de celui du 10 mai dernier. Le 30 novembre, nous allons retrouver l'Algérie toujours en train de stagner ! Le FLN aussi a les prévisions... modestes : «Notre objectif est de gagner dans 1000 APC et APW», a déclaré son chargé de la communication, Kassa Aissi. Après le triomphe embarrassé des législatives où il attendait vraisemblablement une victoire moins «brejnévienne», donc un peu plus crédible, le voilà qui prend les devants, histoire de se prémunir d'une razzia qui serait trop... flagrante pour être vraie. Mais le FLN a toujours son péché mignon d'expliquer les choses par des considérations techniques quand celles-ci sont plutôt d'ordre politique ! Ainsi, il va, comme d'habitude, nous «apprendre» que la «qualité» de la campagne mené par son parti est d'un tel niveau qu'elle permettra à coup sûr «d'atteindre les objectifs fixés», qu'il y a quatre communes dans lesquelles le FLN est le seul à présenter des candidats, retrouvant ainsi son vieux statut de parti unique sur quelques pas du territoire national. Il a aussi parlé du retard pris dans la campagne en raison du... retard dans l'attribution du numéro d'identification, et de l'importance de l'implication de Belkhadem dans les meetings ! Trop fort, M. Aissi, mais il n'est pas le seul. Demain, M. Ould Kablia qui a lui aussi les prévisions modestes si les 40% de participation sont atteints. Mais il y a un seuil d'humilité au-dessous duquel on ne peut pas descendre. Surtout quand il s'agit de la chose la plus importante dans cette élection !