C'est un véritable drame que vit depuis la nuit de jeudi une vingtaine de familles habitant au lieudit China, à quelques encablures à l'est du siège de la wilaya de Boumerdès. Hasard du calendrier, ces familles, englobant une centaine de personnes, dont des enfants en bas âge, se sont retrouvées sans aucun logis à la veille de la célébration du 64e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Elles ont été expulsées des habitations qu'elles occupent depuis 1958 sous prétexte que le terrain abritant leurs constructions appartient à un privé. Ce que les concernés réfutent avec des preuves à l'appui. «La parcelle en question appartient à l'EAC N°2 Ahmed-Malek et elle est donc propriété de l'Etat», affirme un habitant, justifiant ses dires par des documents administratifs en bonne et due forme. «Les services des domaines nous ont remis un document le 12 août 2012 signé par le directeur des domaines, où il est bien précisé que la parcelle de 71 ares objet de litige et sur laquelle sont érigées plusieurs habitations datant de l'époque coloniale appartient à l'Etat.Ce document a été envoyé même au président de la République. La chambre administrative nous a convoqués pour dimanche.On se demande alors pourquoi on nous expulse avant que la justice ne se prononce sur cette affaire», s'indignent d'autres habitants. Le document adressé aux familles expulsées ajoute que «la parcelle en question a été cédée à l'agence foncière de Boumerdès pour en faire un lotissement destiné aux habitations précaires». L'évacuation des familles habitant le site s'est déroulée en présence d'un huissier de justice. Les malheureux ont passé la première nuit à la belle étoile, à 500 m à vol d'oiseau de la villa du premier responsable de la wilaya. Aucune tente n'a été mise en place par les autorités locales pour permettre aux familles concernées de s'abriter en cette période de froid glacial. Pis, aucun responsable du Croissant Rouge algérien n'a jugé utile de se rendre sur les lieux pour porter aide et assistance à ces familles qui se sentent victimes d'une injustice. Même les futurs élus ont brillé par leur absence et sont, vraisemblablement, préoccupés par les tractations afin de présider aux destinées de la collectivité durant les cinq prochaines années. «Pour le moment, il n'y a que le chef de sûreté de wilaya et le candidat tête de liste FLN, Hamoud Ibaouni, ainsi que les habitants des chalets avoisinants, qui nous ont rendu visite», dira un quadragénaire qui se demande où vont loger ses petits-enfants et sa femme.