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Effervescence dans la plus ancienne cité universitaire de Constantine
Insécurité, manque d'hygiène, mauvaise gestion…
Publié dans Le Temps d'Algérie le 15 - 12 - 2012

Rien ne va plus au niveau des cités universitaires constantinoises. Le malaise est perceptible. La dégradation des conditions de vie due à la surcharge des sites est à l'origine d'une vague de mécontentement. Les conditions de vie sont lamentables, notamment au niveau des plus anciennes cités, à savoir Nahas-Nabil pour filles et 8-Novembre-1971 pour garçons.
Les nouvelles cités U offrent plus ou moins de commodités correctes aux résidents. Les comités des résidents dénoncent ce fait à chaque fois et ceux de Nahas-Nabil sont montés au créneau pour exiger le départ du directeur.
Le ménage, l'éternelle corvée des étudiantes
Cité universitaire Nahas-Nabil. Il est 10h. Le va-et-vient dans les couloirs du pavillon H est arrêté. Quelques filles font le ménage dans leurs chambres. «Nous devons faire le ménage car il n'y a pas de femmes de ménage dans les dortoirs pour filles. C'est nous qui devons le faire sinon nous vivons dans la saleté», témoigne Amira, étudiante en 3e année chariaa à l'université des sciences islamiques. Elle vient de Collo et cohabite avec deux autres filles de la même ville.
«Aujourd'hui c'est mon tour et demain je préparerai à manger. On fait tout à tour de rôle. Un jour sur trois je fais le ménage dans cette pièce de 3 m2. C'est étroit et nous devons être à cheval pour vivre dans un lieu décent.» Elle ajoutera : «Pour la nourriture, on préfère la préparer nous-mêmes car celle du resto est infecte.»
Dans la petite chambre d'Amira, comme dans toutes celles que nous avons visitées d'ailleurs, il y a un coin cuisine, la table d'étude est vite transformée en plan de travail sur lequel se trouvent une résistance et des ustensiles de cuisine. Les femmes de ménage ne viennent pas et même les agents de maintenance sont absents. Dans de nombreuses chambres il n'y a pas d'électricité.
Le pavillon A, le plus réputé, contient des chambres plus grandes et d'autres individuelles, bien évidemment pour les filles des personnalités ou celles ayant des «relations privilégiées» avec l'administration. Il y a même celles qui ont terminé leurs études mais qui gardent quand même leur chambre.
Nour El Houda est l'une des résidentes qui a eu de la chance en ayant une chambre dans le fameux pavillon A, mais elle l'a partage avec trois autres étudiantes en 5e année de médecine, alors qu'elle est en première année. Là aussi, le ménage est partagé entre les filles, bien que Nour a la plus grande tâche à cause de l'indisponibilité des autres. «Pour le ménage, il n'y pas de problème mais pour la nourriture, je ne cuisine pas. Je ne sais pas le faire et je me contente de ce qu'on prépare au resto de la cité».
Les sanitaires,un autre supplice
Sur place, une étudiante qui a terminé sa licence d'anglais raconte ses trois années passées dans cette résidence. «Apparemment rien n'a changé, je suis venue il y a deux jours avec ma sœur, une nouvelle, pour lui faire un transfert de cité, car je ne veux pas qu'elle reste ici. J'ai constaté que les problèmes sont toujours les mêmes», dira l'étudiante qui, visiblement, était soucieuse pour sa sœur. Elle se souviendra des trois années «horribles» passées dans ces lieux.
«Nous étions quatre étudiantes entassées dans une chambre de 3 m2, censée ne contenir que trois lits. A l'intérieur des chambres, tout est cassé : les lits, et surtout les matelas sont sales. Les vitres sont cassées et même le chauffage tombe sans cesse en panne et les fuites d'eau inondent nos chambres. Les couloirs sont crasseux. Il m'arrivait le matin de ne pas descendre au resto pour prendre mon petit déjeuner car il y avait plein de cafards.»
Il est midi, la file commence à se former devant le resto. «Ici, à Nahas, les repas de midi sont mieux que ceux du soir, mais la file est interminable», dira Asma, en dernière année de lettres arabes. «Il y a toujours une queue qui dure en moyenne 45 minutes. Il y a aussi le problème des toilettes.» Asma et toutes les résidentes sont unanimes à dénoncer ce problème car, disent-elles, «nous partageons les toilettes dans certains pavillons où il n'y a ni porte ni lumière.
A chaque fois, nous nous plaignions aux agents de l'administration, mais leurs promesses restent vaines.» Les soucis ne s'arrêtent pas là, l'insécurité est omniprésente dans cette cité U, et beaucoup d'agressions ont eu lieu à l'intérieur comme à l'extérieur sans oublier le problème des chiens errants. L'année dernière une fille en a été victime.
Le comité des résidentes dénonce
Le manque d'hygiène, la surcharge des structures, la mauvaise restauration et le problème de transport constituent le quotidien de milliers d'étudiants à travers les 14 résidences universitaires que compte la wilaya de Constantine. Le rapport transmis par le comité des résidentes de la cité universitaire Nahas-Nabil fait état d'une situation des plus déplorables. Les filles partagent leur chambre avec des souris, notamment au niveau des pavillons H et I. Le comité des résidentes dénonce aussi la mauvaise gestion durant cette rentrée universitaire.
Il menace de recourir à la protestation si aucune mesure n'est prise dans les plus brefs délais. Les innombrables communiqués qui émanent quotidiennement des organisations estudiantines confirment le malaise ambiant et le climat de tension qui règnent dans les cités universitaires. Le dernier accident survenu au niveau d'une chambre avait fait 16 blessées parmi les étudiantes suite au feu qui a pris dans une chambre située au 1er étage de la résidence. La résidence manque totalement de moyens de lutte contre les incendies, selon la Protection civile, qui précise que l'incendie est dû à une résistance électrique.
Qu'en est-il de la rénovation ?
Pour éviter la répétition du drame qui avait coûté la vie à huit personnes, en mai dernier, dans une résidence universitaire à Tlemcen à la suite d'une explosion de gaz, quatre (4) résidences universitaires à Constantine ont été retenues pour une importante opération de rénovation lancée n juin 2012. Cette action a concerné notamment les anciennes résidences qui manifestent d'importants signes de dégradation à l'image des cités Zouaghi-Slimane, Nahas-Nabil, Mentouri et 8-Novembre-1971.
Une dizaine d'entreprises étaient à pied d'œuvre dans ces résidences qui n'ont bénéficié d'aucune action de rénovation depuis plusieurs années. L'opération a porté sur le ravalement des façades, le bitumage des cours et des trottoirs, le renouvellement des différents réseaux et la réfection de l'étanchéité.
En attendant les nouvelles infrastructures
Nombreuses sont les doléances des résidents concernant la qualité des repas, du calvaire des files interminables, des étrangers qui occupent les chambres, des agressions à l'intérieur des cités et des chiens errants. A cela s'ajoute l'état déplorable des douches et des sanitaires. La direction des œuvres universitaires (DOU) est souvent mise à l'index.
En matière de places pédagogiques et d'espaces d'hébergement, un déficit de 8000 lits est constaté selon les statistiques de la direction des œuvres sociales. La mise en service des infrastructures réceptionnées devra avoir lieu après finalisation de toutes les opérations d'aménagement extérieur, indispensables au fonctionnement de la ville universitaire, a-t-on souligné, précisant à ce propos que sans l'achèvement des VRD (voirie-réseaux divers), aucune infrastructure ne peut être fonctionnelle.


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