L'Assemblée nationale, la plus haute autorité politique libyenne, a décidé avant-hier de fermer ses frontières sud, déclarant cette partie du territoire «zone militaire». Par cette décision, la Libye ferme ses frontières avec l'Algérie, le Niger, le Tchad et le Soudan. La Libye, qui laisse ses frontières avec la Tunisie et l'Egypte ouvertes, invoque des «considérations sécuritaires», même si aucun incident de ce genre n'a eu lieu entre la Libye et ces pays le long des frontières communes. «Les régions de Ghadames, Ghat, Obari, al-Chati, Sebha, Mourzouk et Koufra dans le sud libyen sont considérées comme des zones d'opérations militaires fermées, régies par les lois d'exception en la matière», précise un texte de l'Assemblée nationale. La décision, adoptée à la majorité, a mandaté «le ministre de la Défense pour nommer un gouverneur militaire de la région du sud (...) et lui octroyer tous les pouvoirs de l'exécutif y compris l'arrestation des personnes recherchées par la justice, les infiltrés et leur rapatriement», est-il rapporté par des agences de presse. A noter que de retour d'une tournée régionale qui l'a conduit en Algérie, au Niger, au Tchad et au Soudan, les quatre pays concernés par cette fermeture de frontières, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, a indiqué vendredi dernier à Tripoli qu'un accord quadripartite allait être signé pour sécuriser les frontières avec ces pays contre les «terroristes». Il a ajouté que «les habitants de la région du sud libyen se sont plaints de l'insécurité, soulignant que le désert libyen est devenu un couloir de transit pour tous les types de trafic, notamment la drogue, les armes et la traite des personnes». La durée de la fermeture des frontières n'a pas été précisée et des officiels libyens ont lié cette décision à la «hausse du flux des immigrés clandestins en prévision d'une éventuelle action militaire internationale au Mali». Les mêmes officiels ont évoqué une «présence de groupuscules armés au sud de la Libye» pour expliquer cette mesure. Pourtant, ces frontières connaissent une stabilité sécuritaire, n'enregistrant aucun incident du genre.La Libye laisse ses frontières avec l'Egypte (ouest) et de la Tunisie (est) ouvertes. Il s'agit pourtant de frontières moins stables comparativement à celles de l'Algérie, du Tchad, du Soudan et du Niger. Des incidents dans lesquels des ressortissants tunisiens et des membres des forces tunisiennes ont été victimes avaient, rappelle-t-on, été enregistrés aux frontières de la Libye avec la Tunisie. Des membres des forces de sécurité tunisiens avaient été enlevés par des «révolutionnaires» libyens. La Libye n'a cependant pas décidé de la fermeture de ses frontières avec la Tunisie. L'enquête sur l'attentat terroriste ayant coûté la vie à l'ambassadeur des USA et à d'autres diplomates américains à Benghazi a, par ailleurs, révélé que des présumés auteurs de cette agression étaient entrés des frontières égyptiennes sans que la Libye ne décide de fermer ses frontières avec l'Egypte. De observateurs s'interrogent donc sur les motivations réelles ayant poussé l'Assemblée nationale libyenne à décider de la fermeture de ses frontières sud.Entre-temps, la Libye continue d'enregistrer des attentats et tentatives d'attentats depuis quelques jours, visant des commissariats de police. Hier, deux attentats ont été commis contre des commissariats de police à Benghazi (est de la Libye) loin des frontières avec l'Algérie, le Tchad, le Niger et le Soudan.