Les anciens rappelés du service national, dont le combat pour arracher ce qu'ils qualifient de «droits bafoués» dure depuis deux années, ne semblent pas près de baisser les bras. Ils étaient des centaines de rappelés, remobilisés durant les années de feu et de sang, à battre le pavé, hier matin, dans la ville de Tizi Ouzou, pour réclamer une véritable prise en charge de leurs doléances et revendications, portant essentiellement sur l'élaboration d'un statut particulier, les indemnisations et le devoir de reconnaissance pour les sacrifices consentis. L'occasion a été aussi saisie pour dénoncer le dernier texte de loi portant régime des pensions militaires. Cette imposante marche s'est ébranlée de l'ancienne gare routière en empruntant le boulevard Abane avant de déboucher sur un sit-in devant l'ancienne mairie de la ville. En effet, l'itinéraire emprunté, soit de la gare jusqu'à la place Lamari-Meziane au cœur de la ville des Genêts, a été décidé à l'issue de la réunion que les anciens rappelés ont tenue le 15 décembre dernier et à laquelle ont pris part les représentants de 17 daïras. Il était question d'examiner «la situation induite par la présentation à l'APN du projet de loi portant code des pensions militaires, qui semble ignorer l'ensemble des revendications des rappelés mobilisés durant la période allant de 1995 à 1999», est-il indiqué dans un communiqué du collectif des rappelés de la wilaya de Tizi Ouzou. Après la marche et le sit-in d'hier à Tizi Ouzou, les anciens rappelés d'autres wilayas du pays seraient en phase de préparer des actions similaires, indique-t-on. Des actions de protestation seraient prévues même à partir d'aujourd'hui, croit-on savoir auprès des rappelés. Ces derniers qui ont combattu les terroristes durant la décennie noire et dont le nombre dépasse le seuil des 123 000 rappelés à l'échelle nationale, campent sur leurs positions. Ils comptent continuer à faire valoir leurs revendications dont le devoir de reconnaissance et de considération par les hautes autorités du pays, le bénéfice des dispositions contenues dans le texte portant charte pour la paix et la réconciliation nationale et celui sur la concorde civile. Les rappelés demandent aussi des indemnisations pour les préjudices moral et matériel dont ils étaient victimes, mais aussi la promulgation d'un texte ou d'une loi leur fixant une pension mensuelle. Rappelons que le dossier des rappelés du service national est actuellement pris en charge par le ministère de la Défense nationale. Cependant, mis à part les visites et examens médicaux que subissent ces éléments à travers les secteurs militaires des wilayas du pays, aucune autre information n'a filtré sur l'issue réservée à leurs revendications. Cette nouvelle démonstration de force intervient, faut-il le rappeler, après que ces derniers avaient été empêchés le 16 octobre dernier de marcher de Draâ Ben Khedda (10 km à l'ouest de Tizi Ouzou) jusqu'à Alger sur une distance de 100 km.