Les dissidences au sein de l'organisation de Droukdel risquent de se multiplier. Les forces de sécurité ont abattu, le 4 décembre dernier, l'un des plus dangereux et anciens terroristes d'Aqmi, selon des recoupements. Nakia Mohamed El-Bachir, surnommé Abdelhak Abou Al-Khabab, natif d'El-Oued a été éliminé à son point de départ dans l'activité terroriste en novembre 1991 lors de l'attaque de la caserne de Guemmar. Arrêté comme la majorité des membres de la cellule formée et entraînée au jihad par Messaoudi Aïssa, plus connu sous le sobriquet Tayeb El-Afghani, il est emprisonné à Tazoult à Batna. Il s'évadera de la prison en 1994 pour poursuivre ses activités tout en prenant du grade au sein du groupe terroriste. Il reviendra dans le maquis de Batna après être passé par les monts d'Oum El-Bouaghi. Il se placera déjà au sein de la 5e région, selon l'ancien découpage régional du groupe terroriste, pour devenir le bras droit de Nabil Sahraoui, “émir” de la région pour le GIA. L'arrivée de Amari Saïfi alias Abderezak El-Para à la tête de la 5e région, alors que la dissidence du GIA a créé le GSPC, va le propulser davantage dans la hiérarchie. Fidèle accompagnateur d'El-Para, il prendra sa place à la tête de l'ancienne 5e région lorsque Saïfi Amari part diriger l'émirat du Sud. Il aura participé à tous les attentats contre les forces de sécurité à Batna, l'embuscade contre une patrouille militaire à Tébessa, l'attaque contre un poste frontalier avec la Tunisie. Sa réputation et sa proximité avec son chef le mèneront jusqu'à la confidence des pourparlers pour l'intégration du GSPC à Al-Qaïda. Est-il ainsi chargé d'acheminer l'émissaire de Ben Laden, le Yéménite Abou Ahmed, du Mali vers Tébessa puis Batna. L'émissaire sera éliminé à la même période, c'était en 2002, dans la même région. El-Para étant parti avec un groupe, en 2003, pour créer une nouvelle phalange dans l'extrême Sud, katibat Tarek-Ibn-Ziyad, aujourd'hui sous la coupe de Abou Zeïd, Mohamed El-Bachir continuera d'écumer les Hauts-Plateaux de l'est du pays. El-Para tombe à son tour et Abou Al-Khabab se trouve de facto investi par l'“émir” du GSPC d'une nouvelle mission, après la remise en ordre des phalanges, la coordination entre les phalanges du Sud et celles du Nord ainsi que l'approvisionnement en armes et munitions et bien entendu de la mission la plus lucrative, les enlèvements d'étrangers. Inscrit dans la nouvelle stratégie d'Al-Qaïda, le GSPC, devenu depuis Aqmi, étendra ses activités aux pays voisins, particulièrement dans la zone du Sahel. Et c'est tout naturellement qu'il participe, en 2005, à l'attaque contre la caserne Lemgheity en Mauritanie. Il sera aussi derrière l'enlèvement, en 2008, des touristes autrichiens en Tunisie et leur transfert au nord du Mali. Ceux-ci seront libérés contre le paiement d'une rançon. Il a participé, la même année, à l'embuscade tendue aux gardes frontières à El-Oued et qui a coûté la vie à sept éléments ainsi que d'autres attentats qui ont ciblé des civils isolés sur les monts de Tébessa sur la base de simples soupçons de leur collaboration avec les services de sécurité. Depuis la révolte en Tunisie et la détérioration de la situation sécuritaire en Libye, il s'est attaché à renvoyer dans leur pays les terroristes tunisiens et libyens activant au sein du GSPC (Aqmi) pour étendre et généraliser les attentats à toute l'Afrique du Nord ainsi que le Sahel. Et voulant profiter de la confusion en Libye, il a cherché à mettre la main sur une partie de l'arsenal militaire libyen, abandonné et sans contrôle, d'où sa virée à El-Oued où il a été abattu. Etant donné “ses états de service”, son expérience en tant que membre des premières cellules terroristes en Algérie, Abou Al-Khabab est considéré comme un des piliers de la nébuleuse Aqmi et dont la disparition va certainement déteindre sur sa cohésion, notamment entre les phalanges du Sud et l'émirat national dont les rapports, selon certaines informations rapportées par la presse, sont distendus. L'élimination de ce terroriste “vétéran”, au début du mois en cours, risque fort d'ouvrir la voie devant la dissidence latente au sein d'Aqmi dont les groupuscules du Sud et du Sahel échappent pratiquement au contrôle d'Abdelmalek Droukdel dit Abou Mossâb Abdelwadoud. Djilali B.