La grève d'Algérie Poste déclenchée depuis dimanche dernier se poursuit, provoquant la paralysie du système de payement dans plusieurs wilayas du pays et la colère des usagers. Le taux de suivi est estimé par le syndicat d'Algérie Poste de l'Est à 80%. A Alger, la colère ne cesse d'augmenter. Les Algérois n'admettent pas qu'un tel mouvement soit entrepris sans lancer de préavis. «J'ai lu sur un quotidien le lancement d'une grève illimitée dans l'est du pays, mais à aucun moment, il n'a été annoncé de mouvement de contestation à Alger», s'étonne Adlane, un agent de sécurité habitant à Hassiba Ben Bouali : «Je suis passé la veille du nouvel an pour retirer mon salaire et ça a été la surprise. Depuis, je suis comme la plupart de mes amis, collègues et voisins otages des agents de la poste», clame-t-il. Selon les agents de la poste, la décision d'observer une grève a été prise par la corporation afin d'appuyer le mouvement de contestation décidé à l'Est. «Nous vivons les mêmes conditions de travail, alors il est tout à fait normal qu'on réagisse à l'appel lancé par le syndicat de l'Est, étant donné que le syndicat du Centre en plein désaccord», se justifient les agents de la poste d'Alger. La corporation d'Alger a, en effet, accusé le secrétaire général de leur syndicat, en l'occurrence Mohamed Tchoulak, d'avoir été de mèche avec l'administration lors de la grève observée en avril 2012. Ils se sont même opposés à ce qu'il les représente. Le directeur général d'Algérie Poste, Mohamed Laïd Mahloul, ne compte pas «apaiser» la situation en tentant l'option «du dialogue». Dans une récente déclaration, il a qualifié la grève d'«illégale», car «les protestataires n'ont pas respecté le cadre défini par la loi». Selon lui, «les représentants officiels des travailleurs du secteur (syndicat d'Algérie Poste) sont en contact avec les protestataires pour tenter de les raisonner et d'examiner les moyens de prendre en charge leurs revendications». Il ajoute que le «dialogue n'a jamais été interrompu, à travers l'écoute des revendications des travailleurs et la prise en charge de leurs préoccupations». Il accuse les syndicats autonomes ayant appelé au débrayage d'être des opportunistes œuvrant pour leurs «intérêts personnels» en «incitant des personnes à soulever des revendications qui n'ont rien à voir avec l'administration générale et dont la satisfaction passe par la voie hiérarchique». Il est à signaler que les travailleurs d'Algérie Poste ont débrayé en avril dernier pour exiger une prise en charge effective de leurs doléances. Le gel de la grève a eu lieu après que le syndicat autonome a arraché un accord de principe pour la satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. Il s'agit entre autres d'indemnités, dont la prime de rendement et l'application du statut adopté en 2008, rappelant qu'après la grève observée en avril 2012, seules sept revendications sur 17 ont été acceptées, mais «n'ont pas encore été concrétisées». Affichant son satisfecit quant au taux de suivi estimé à 80%, M. Bahi Abdelouahab, secrétaire régional du syndicat d'Algérie Poste de Constantine, se dit déterminé à aller jusqu'au bout des revendications. Contacté par nos soins, il a rappelé toutefois que le syndicat a toujours appelé à l'ouverture du dialogue, mais «malheureusement aucune solution n'a été trouvée pour les problèmes soulevés depuis plusieurs années»