Ahmed Ouyahia n'a pas quitté son bureau où il a continué à recevoir avant-hier des émissaires du RND de différentes wilayas venus lui dire leur «tristesse» de le voir démissionner de la présidence de leur parti. Pendant ce temps, dans une salle certainement plus vaste, les 48 coordinateurs des wilayas et les membres du bureau national se réunissaient pour préparer les travaux du conseil national qui se déroulera les 17, 18 et 19 du mois en cours. Mme Loudjertmi, membre du bureau national, devait faire une précision de taille : les émissaires qui ont défilé dans le bureau du secrétaire général, dont la démission prend effet à partir du 15 janvier, ne sont pas seulement venus lui exprimer leur «tristesse» de le voir partir. Les sentiments sont nobles et parfois utiles en politique, mais ce n'est pas tout. Ils sont donc venus demander à leur leader de surseoir à sa démission. Comme il serait étonnant qu'une disposition statutaire prévoie que le secrétaire général peut revenir sur sa démission et que M. Ouyahia semble très pointilleux sur le respect du règlement intérieur de son parti, l'éventualité du scénario devient improbable. Il devient d'autant plus improbable qu'il viendrait remettre en question un autre scénario, plus vraisemblable et, ce qui ne gâte rien, plus valorisant pour celui qui... l'aurait prévu dans son «agenda». Parce qu'à la sortie de la réunion, Mme Loudjertmi, qui donne l'impression de vraiment savoir de quoi elle parle, a fait une autre précision bien plus importante. Elle dit connaître suffisamment M. Ouyahia pour savoir qu'en «homme de décision», il ne reviendra pas sur sa démission, même si beaucoup de monde, partenaires et adversaires, comme on dit dans le foot, le lui a demandé ! Mais le plus beau est à venir. Décidément intenable, elle ajoute, énième «précision», que si Ahmed Ouyahia devait revenir à son poste, ce ne serait certainement pas au terme des travaux du conseil national... Il faudra donc attendre le congrès ! On sera bien obligé d'attendre mais le conseil national aidera de manière significative les impatients à supporter les six mois d'incertitude, feinte ou réelle. Parce que dans l'effervescence d'avant-hier au siège de Ben Aknoun, il n'y avait pas que des sentiments exprimés, un rendez-vous organique à préparer et un secrétaire général enfermé dans son bureau qui tient à exercer ses responsabilités jusqu'au terme de l'échéance annoncée de sa fin de fonction. Il était également question d'une opposition visiblement... invisible ! Ni à Ben Aknoun ni ailleurs en plus. La logique aurait voulu que les détracteurs de M. Ouyahia soient audibles ne serait-ce que dans un cri de victoire, puisque après tout, leur seule et unique demande vient d'être satisfaite ! Et ce n'est pas seulement d'avoir vaincu sans péril pour triompher sans gloire qu'ils se font si discrets, ils n'ont peut-être pas vaincu tout simplement ! Sinon, cet autre cadre qui a tenu à l'anonymat ne serait pas venu à la suite de Mme Loudjertmi dire... l'essentiel : sur les 290 membres que compte le conseil national du RND, seuls 60, dont 15 désignés par... Ouyahia auraient signé la pétition demandant sa destitution de la présidence du parti. On le savait mais pour voir un peu plus clair, il fallait que quelqu'un nous le rappelle. Surtout dans les conditions d'avant-hier, à Ben Aknoun.