Le ministère des Affaires étrangères (MAE) sera dès cette matinée en proie à une paralysie pendant trois jours consécutifs, période de débrayage qu'observeront les quelques 600 employés de ce département affiliés au Syndicat autonome du personnel des Affaires étrangères ( Sapae). «Il s'agit d'une grève cyclique renouvelable tous les trois jours», nous précise la secrétaire générale du syndicat, Mme Fatiha Souici. Le recours à cette protestation, la première du genre dans les annales du département des Affaires étrangères, intervient suite à un préavis de grève remis il y a près d'une dizaine de jours par des membres du bureau exécutif du Sapae au ministre en personne. C'est dire que le caractère de ce débrayage est loin de constituer une action décidée anarchiquement. La grève du personnel des AE, dont la quasi-majorité relève de la catégorie des corps communs, selon Fatiha Souci, est une action inévitable et ce, en dépit des multiples tentatives de l'administration du MAE et la Direction des ressources humaines (DRH) qui visaient à l'empêcher. La dernière tentative en date a été la réunion qui a regroupé jeudi dernier des syndicalistes membres du bureau exécutif du Sapae, le SG du ministère et le directeur des AE. Ces derniers ont tenté vainement de convaincre les syndicalistes de surseoir à leur décision, «mettant en avant leur volonté de privilégier le dialogue pour parvenir à un chemin d'entente», nous expliquera notre interlocutrice. Elle poursuit en affirmant que le personnel des AE exige une prise en charge dans l'immédiat des doléances exprimées qu'elle a qualifiées de «claires et nettes». «Les employés, en particulier ceux des corps communs, refusent d'accorder plus de temps à l'administration du ministère. L'option de la grève d'aujourd'hui est donc irréversible». Un dialogue dans l'impasse Dans un document parvenu à notre rédaction et signé Rabah Toubal qui se présente comme cadre du MAE, ce dernier souligne que le dialogue entre le syndicat et l'administration se trouve dans l'impasse à cause des lenteurs de l'administration, dont les propositions restent insuffisantes malgré les efforts accomplis. «L'approche administrative a montré ses limites», a-t-il ajouté. Selon le même document, «la majorité des fonctionnaires du MAE, qui ont perdu confiance en l'administration car ils ont été abusés par le passé par les responsables de l'administration partis à l'étranger sans tenir leurs promesses, demandent à M. Medelci de s'adresser à eux pour les rassurer et leur donner des garanties que leurs revendications seront prises en charge», écrit encore Rabah Toubal. Il mettra l'accent en outre sur le fait que «notre diplomatie a besoin de toutes ses ressources afin de pouvoir relever efficacement les défis majeurs auxquels notre pays est confronté sur les plans sous-régional, régional et international». S'agissant des revendications exprimées et qui jusqu'à présent souffrent d'un défaut de prise en charge efficace, Fatiha Souici a énuméré celles qui sont à ses yeux les plus élémentaires et les plus urgentes. Il est question de la titularisation des contractuels dont le nombre global avoisine les 200 et qui, pour certains, ont été recrutés en… 1978, la révision du décret présidentiel n° 91-335 paraphé par le défunt président de la République Chadli Bendjedid relatif à l'affectation à l'étranger des corps communs, ainsi que de la révision à la hausse des salaires et des primes de rendement du personnel relevant des corps communs. A ces revendications, Rabah Toubal en ajoute d'autres liées à la transparence dans le recrutement, les promotions et les nominations à l'administration centrale et à l'extérieur, dans le cadre d'un plan de carrière équitable, le passeport diplomatique à vie pour tous les diplomates et leurs familles ainsi qu'une bourse d'études au profit des enfants des fonctionnaires après le rappel à la Centrale de leurs parents. Autant de revendications et de doléances trouveront-elles une oreille attentive auprès de l'administration du MAE ? Affaire à suivre.