Dans son dernier essai ''L'automne des femmes arabes'' présenté samedi à Bejaia, et dont la sortie en Algérie est prévue cette semaine, Djemila Benhabib transcrit ses ''craintes de voir les bourgeons du +printemps arabe+ se transformer en automne'' à cause des régressions infligées aux droits et à la condition féminine en général dans chacun des pays traversés par les révoltes pour la liberté et la démocratie. "Les sociétés arabes font face à de réels dangers en raison de la montée en puissance des discours religieux qui minorent leur rôle et place dans la société", met-elle en garde, estimant qu'aucune société ne peut aspirer à mettre les pieds dans la modernité si une partie de sa composante est marginalisée ou soumise à l'ostracisme du discours régnant. Se basant sur les expériences tunisienne et égyptienne en matière de liberté et d'émancipation de la femme dont elle trace les profils et les singularités, Benhabib conclut que "seule la laïcité reste le garant de l'harmonie et du vivre ensemble", soutenant l'exigence du "respect de l'altérité" dans son acception philosophique, en l'occurrence "la conscience de la relation aux autres dans leurs différences et leurs besoins d'être reconnus dans leurs droits d'être eux-mêmes et différents". Présenté sous forme d'un reportage journalistique, voire d'un carnet de voyage, l'essai reste éminemment subjectif, l'auteure le revendiquant du reste polarisant des situations anecdotiques mais émotionnellement éloquentes quant aux contradictions et paradoxes comportementaux qui caractérise la société arabe en général et qui titube entre l'aspiration à la liberté et le désir de se conformer aux rites et traditions. Aussi, unique planche de salut pour dépasser ces tiraillements, la consécration de l'idée de la séparation du politique et du religieux. Répondant, à ses détracteurs, qui l'accusent de faire le jeu de l'idéologie occidentale et d'être ''une laïque fondamentaliste'', Djemila Benhabib, une franco-canadienne, qui siège au parlement du Québec, s'en défend, estimant que de par sa culture traditionaliste, étant originaire de Tlemcen, elle en mesure toute la subtilité, voire la complexité. Mais pour autant, elle se refuse de faire le jeu des fondamentalistes, qui ''ne reculent devant rien pour imposer leur projet et leur idéal de société''. ''Le combat est sociétal. L'enjeu, c'est de faire rattraper aux sociétés arabes le retard qui les sépare de la modernité'', estime-t-elle.