Les prix du pétrole ont entamé la séance en nette baisse vendredi, dans un marché plombé par un renchérissement du dollar et frileux à l'ouverture d'un sommet du G20 marqué par les risques de "guerre des monnaies". Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars cédait 1,58 dollar à 95,73 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les opérateurs étaient gagnés par un regain de frilosité alors que s'ouvrait vendredi un sommet de deux jours du G20 à Moscou, qui réunissait les ministres des Finances et banquiers centraux des 20 principaux pays riches et émergents, et où devraient être évoquées les craintes d'une "guerre des monnaies". "Les courtiers s'attendent à une réunion potentiellement agitée", a souligné Matt Smith, de Schneider Electric. Ces craintes accentuaient le rebond du dollar, considéré comme une valeur refuge face à la monnaie unique européenne notamment. Or un renchérissement du billet vert a tendance à affaiblir les cours du brut, libellés en dollars, car ils deviennent moins intéressants pour les investisseurs munis d'autres devises. Des inquiétudes persistantes sur la santé économique de la zone euro, qui s'est encore enfoncée dans la récession au quatrième trimestre, accentuaient par ailleurs la pression sur les cours de l'or noir, les courtiers redoutant une baisse de la demande en brut. Dans ce contexte, la publication d'un "relativement bon indicateur manufacturier" n'a que peu pesé, a remarqué Phil Flynn, de Price Futures Group. L'activité manufacturière de la région de New York s'est redressée après avoir reculé pendant six mois d'affilée, alors que la prévision médiane des analystes le donnait à zéro, niveau marquant la frontière entre hausse et baisse de l'activité. Les opérateurs ont par ailleurs ignoré une nette hausse des prix de l'essence aux Etats-Unis "qui se sont appréciés de 15 cents le gallon au cours des deux dernier jours", a relevé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Or, "quand on observe un gros mouvement à la hausse sur l'essence, sans que cela ne provoque de réaction sur les prix du brut, c'est généralement un signe que le marché est bien approvisionné sur le front du brut", a noté Phil Flynn, de Price Futures Group. En effet, "une hausse des prix de l'essence a tendance à provoquer un effet psychologique sur les courtiers qui se répercute sur le brut", le marché pétrolier anticipant une hausse des perspectives de la demande sur cette matière première. Le marché restait par ailleurs réservé à l'orée d'un week-end prolongé aux Etats-Unis, où les marchés resteront fermés lundi en raison d'un jour férié.