Le secrétaire d'Etat adjoint américain aux Affaires africaines, M. Johnnie Carson, a déclaré devant le Congrès que la neutralisation totale du terrorisme au nord du Mali serait un "effort de longue haleine", tout en insistant sur le nécessaire dialogue avec les groupes se dissociant du terrorisme. Intervenant devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants lors d'une audition consacrée à la crise malienne, M. Carson a affirmé vendredi que si l'intervention militaire franco-africaine avait créé une véritable opportunité de stabilité politique, "tout succès militaire restera, cependant, éphémère tant qu'un gouvernement démocratique crédible répondant aux besoins de tous les Maliens n'a pas été instauré". "Nous ferons les efforts nécessaires pour assurer que le succès militaire aboutisse à une stabilité à long terme en encourageant des élections accélérées, en marginalisant la junte militaire, en tenant responsables les personnes coupables de violations des droits de l'homme et en soutenant un processus de réconciliation nationale qui réponde aux revendications légitimes et de longue date des populations du nord", a-t-il assuré. Pour lui, le dossier malien est l'une des questions "les plus difficiles, complexes et urgentes" auxquelles l'Afrique de l'Ouest fait face. A ce propos, il a expliqué que le problème du Mali était "le reflet de la fragilité de la gouvernance dans la région, de l'absence de développement économique, notamment dans le nord du pays, de l'absence d'opportunités véritables pour les populations d'interagir avec leurs gouvernements, et du vaste désespoir existant dans cette région aride et impitoyable frappée par une insécurité alimentaire chronique". Plus grave encore, a fait valoir M. Carson, les difficultés de ce pays du Sahel "illustrent également la rapidité avec laquelle des groupes terroristes tels qu'Al-Qaïda dans le Maghreb Islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) peuvent exploiter ces conditions". Dans ce contexte, il a observé que le terrorisme était "une menace qui ne connaît pas de frontières". C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis travaillent en partenariat avec les pays de toute la région "pour soutenir leurs efforts visant à renforcer la sécurité des frontières et leur capacité à répondre aux menaces terroristes". Pour mettre fin au long cycle de violence au Mali, "il faut répondre aux causes profondes de cette violence d'une façon globale et simultanée", a souligné ce haut responsable au département d'Etat. M. Carson a aussi insisté sur l'importance des négociations avec les groupes du nord malien qui rejettent le terrorisme et acceptent l'unité de l'Etat malien, estimant que les populations du nord, telles que les Touaregs, ont des "revendications politiques, sociales et économiques légitimes". Dans ce sens, il a jugé que les groupes non extrémistes, les autorités maliennes et leurs partenaires locaux et internationaux doivent initier "un travail sérieux et soutenu" afin de répondre à ces revendications. M. Carson s'est félicité, d'ailleurs, de l'adoption du plan d'action politique, unanimement approuvé par l'Assemblée nationale malienne en janvier dernier, soulignant que cette feuille de route soutient des négociations à long terme et "un dialogue avec les groupes qui refusent la lutte armée, adhèrent aux principes de la démocratie et de l'Etat de droit, et acceptent sans réserve l'intégrité territoriale du Mali". "Nous condamnons ceux qui, dans le nord du Mali, continuent de s'aligner avec les terroristes. Il ne peut y avoir de dialogue avec ceux qui soutiennent le terrorisme", a-t-il insisté devant la commission parlementaire. Par ailleurs, rappelant que sur le plan humanitaire, la réponse de l'administration du président Barack Obama a été d'envoyer plus de 120 millions de dollars d'aide au Mali, M. Carson a avancé que le département d'Etat a également l'intention d'apporter 96 millions de dollars en 2013 pour appuyer la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA). Présente également à cette audition, la secrétaire adjointe à la Défense pour l'Afrique, Mme Amanda Dory, a déclaré qu'à mesure que la mission d'intervention au Mali se transforme en mission de stabilisation, "il sera essentiel que la communauté internationale aide le Mali à élaborer une solution durable, dirigée par les Africains, et répondant aux revendications légitimes tout en maintenant la pression sur les extrémistes et en assurant la protection des civils." Pour la représentante du Pentagone, "les Etats-Unis soutiennent l'action militaire française mais n'envisagent pas le déploiement de forces américaines sur le terrain au Mali". Toutefois, a-t-elle ajouté, les Etats-Unis "s'efforcent de développer les capacités des pays d'Afrique de l'Ouest et du Nord à contrer leurs menaces communes et à assurer la sécurité de leurs populations à travers une formation au professionnalisme militaire, à la déontologie et aux droits de l'homme". Selon Mme Dory, "la façon dont nous développons la capacité de nos partenaires africains, en leur permettant d'assumer la responsabilité de leur propre sécurité, est toujours appropriée".