La 63ème Berlinale a récompensé samedi un film roumain, "Pozitia Copilului" (Child's pose) de Calin Peter Netzer de l'Ours d'or du meilleur film tandis que les Ours d'argent des meilleurs interprètes ont été attribués à une Chilienne et à un Rom de Bosnie jouant son propre rôle. Le film sur les Roms "An episode in the life of an iron picker" du Bosnien Danis Tanovic a également été récompensé par le Grand prix du jury. L'Ours d'or a couronné "Pozitia Copilului" (Child's pose) de Calin Peter Netzer, un film porté par son actrice principale Luminita Gheorghiu, une mère faisant partie des nouveaux riches roumains qui va tout faire pour sauver son fils de la prison alors qu'il a tué un adolescent au volant de sa voiture. Ce film, qui traite d'abord d'une relation pathologique mère-enfant, offre une vision sans concession de la Roumanie post-communiste et de la corruption qui règne dans les institutions et certains milieux. L'Ours d'argent de la meilleure actrice est revenu à la chilienne Paulina Garcia, protagoniste de "Gloria" qui a ensoleillé la Berlinale. Ce film du Chilien Sebastian Lelio, 38 ans, raconte l'histoire d'une presque sexagénaire divorcée qui travaille et vit seule, et qui utilise la maturité comme un tremplin pour se réinventer. La meilleure interprétation masculine a été attribuée à Nazif Mujic, Rom de Bosnie pour son interprétation dans "An episode in the life of an iron picker" de Danis Tanovic, récompensé par le Grand prix du jury. Oscarisé pour "No man's land", le réalisateur bosnien raconte cette fois la vie désespérée d'un couple de Roms, privés de toute assistance médicale dans un long métrage tourné en neuf jours avec un appareil photo numérique au budget très modeste et avec des acteurs non professionnels qui interprètent leurs propres rôles. L'Ours d'argent du meilleur réalisateur a été décerné au jeune David Gordon Green (37 ans) pour "Prince Avalanche", remake du film islandais de 2011 "Either Way". Le film dépeint Alvin (Paul Rudd) et Lance (Emile Hirsch), dont le métier monotone consiste à tracer des lignes jaunes sur des routes apparemment sans fin, dans les paysages sauvages du Texas. Avec ce trophée, le jury a récompensé la seule vraie comédie parmi les 19 films de la sélection officielle. Des films engagés Le jury, a déclaré le réalisateur chinois Wang Kar Wai qui le présidait cette année, a voulu récompenser des films engagés "qui montrent que la vision du cinéma fait la différence". Il a annoncé deux mentions spéciales : l'une à un film sud-africain "Layla Fourie" de la réalisatrice Pia Marais et l'autre à "Promised Land" de l'Américain Gus Van Sant avec Matt Damon, sur la société américaine contemporaine confrontée, à travers une petite communauté rurale, à l'exploitation des gaz de schiste et aux effets du capitalisme effréné. Une production québécoise, "Vic + Flo ont vu un ours" de Denis Côté, un drame surréaliste avec Romane Bohringer et Pierrette Robitaille, a obtenu un Ours d'argent récompensant "un film ouvrant de nouvelles perspectives". Fidèle à sa tradition de festival politique, la Berlinale a aussi récompensé d'un Ours d'argent du meilleur scénario le réalisateur iranien Jafar Panahi pour "Pardé" (Closed Curtains), un huis clos et un appel à la liberté pour deux personnages. Assigné à résidence dans son pays et interdit d'exercer son métier, le cinéaste a tourné ce film sous le manteau avec Kambozia Partovi (co-scénariste du Cercle, lion d'Or de la Mostra de Venise 2000). Parallèlement, le festival a remis cette année un ours d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière au cinéaste français Claude Lanzmann, auteur de "Shoah". Les trois films français en compétition sont repartis bredouille. Il s'agit de "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot avec Catherine Deneuve, dans un rôle très atypique, "Camille Claudel 1915" de Bruno Dumont avec Juliette Binoche et "La religieuse" de Guillaume Nicloux d'après le roman de Diderot avec Isabelle Huppert et Louise Bourgoin aux côtés de la jeune Belge Pauline Etienne dans le rôle principal.