Le New York Times a annoncé lundi qu'il allait changer le nom de son édition internationale basée à Paris, l'International Herald Tribune, pour y apposer sa propre marque, avec l'espoir d'élargir ainsi son lectorat en dehors des Etats-Unis. Le quotidien international, passé à la postérité notamment grâce au film de Jean-Luc Godard "A bout de souffle", où le personnage joué par Jean Seberg le vendait à la criée, sera rebaptisé International New York Times "plus tard cette année". Il sera édité depuis Hong Kong, Paris, Londres et New York, a précisé le groupe dans un communiqué. Le changement de nom ira avec un développement des services internet et mobiles, le groupe comptant au final "introduire une version internationale multi-plateformes du New York Times qui sera conçue et éditée spécifiquement pour le public mondial". Davantage de détails sur les implications concrètes sont promis "dans les prochains mois". Une porte-parole de l'IHT a toutefois assuré qu'il n'y avait pas de plan pour réduire les effectifs, mais même plutôt "un engagement pour investir dans des ressources éditoriales en Europe et en Asie dans le cadre de la stratégie globale de croissance du groupe". L'IHT partage actuellement ses correspondants avec ceux du New York Times, ce qui représente 1.100 personnes au total (journalistes, photographes, éditeurs, etc.). L'IHT, qui a fêté son 125e anniversaire l'an dernier, a changé d'appellation plusieurs fois et s'appelait au départ le Paris Herald. Il ne porte son nom actuel que depuis 1967. Il avait été publié pour la première fois en octobre 1887, en tant qu'édition européenne du New York Herald dont il est le dernier vestige. "Révolution numérique" Il est aujourd'hui distribué en version papier dans plus de 160 pays, avec une diffusion moyenne à 226.267 exemplaires, et revendique "des millions" de lecteurs sur son édition internet ou via ses applications pour smartphones et tablettes informatiques. Le New York Times était entré à son capital, de même que le Washington Post, après la fermeture du New York Herald en 1966. Ils ont été seuls aux manettes à partir de 1991, jusqu'à ce que le Post sorte du capital en 2003. Le changement de nom de l'IHT intervient alors que le groupe New York Times (NYT) recentre sa stratégie et ses investissements sur sa marque phare. Il avait déjà annoncé la semaine dernière la mise en vente du Boston Globe, ainsi que d'autres participations dans des journaux et sites internet. Stephen Dunbar-Johnson, éditeur du IHT, a évoqué "une évolution naturelle après plusieurs années à juxtaposer les deux marques". "Notre objectif est (...) d'investir davantage dans notre journalisme international et d'étendre notre base mondiale, tout en continuant à servir les nombreux lecteurs fidèles de l'IHT", a assuré Mark Thompson, directeur général du groupe NYT. "Il y a un potentiel important pour augmenter le nombre d'abonnés au New York Times en dehors des Etats-Unis", selon M. Thompson. "La révolution numérique a changé le New York Times de bon journal américain à l'un des fournisseurs d'informations les plus connus au monde. Nous voulons saisir cette occasion pour attirer un public international, des abonnements numériques et des publicitaires". Le groupe New York Times est confronté, comme le reste de la presse écrite, à la concurrence des médias gratuits sur internet et à un marché publicitaire morose. Il a tenté d'y réagir en supprimant des emplois et en se développant sur la toile, où le New York Times comme l'IHT ne permettent l'accès à la totalité de leurs contenus qu'aux abonnés payants. La forte progression de ces abonnements sur internet a contribué à son retour aux bénéfices l'an dernier, M. Thompson se félicitant même d'avoir, pour la première fois dans l'histoire du groupe, gagné plus d'argent grâce à ses lecteurs qu'avec ses annonceurs.