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«Il faut procéder à de sérieuses vérifications avant de crier victoire» Eric Denécé, directeur du CF2R, au Temps d'Algérie, au sujet de l'élimination des chefs terroristes au Mali :
«Ce sont plusieurs hypothèses qui ne peuvent être écartées, actuellement, en ce qui concerne l'annonce de l'élimination de Abdelhamid Abou Zeid, émir de katibate Tarek Ibn Ziyad, et de Mokhtar Belmokhtar, émir de katibate el moulatamine» (brigade les enturbannés), a tenu à affirmer Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), ce qui explique, selon lui, le fait que la France refuse, pour le moment, de confirmer la mort de ces deux chefs terroristes. «Les pays qui luttent contre le terrorisme ont pour tradition d'être extrêmement prudents dès lors qu'il s'agit d'annoncer la mort de chefs de groupes armés. Il leur faut procéder à de sérieuses vérifications avant de crier victoire, ce que fait la France dans les cas d'Abou Zeid et de Mokhtar Belmokhtar», a-t-il indiqué. Eric Denécé insiste sur le fait que «seul l'ADN de la personne décédée apporte la preuve irréfutable». «N'oublions pas qu'il n'est pas si facile d'identifier un corps après plusieurs jours, surtout si celui-ci a été dégradé par les combats et les conditions climatiques», note également le président du CF2R. Eric Denécé fait valoir d'autres hypothèses encore. Comme celle consistant à ce que Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, alias Belaouar (le borgne) se soient volontairement fait passer pour morts, «pour échapper à la traque». Pour notre interlocuteur, l'hypothèse d'un tel scénario monté par les chefs terroristes n'est pas écartée. «Ensuite, il est possible d'envisager le fait que les chefs terroristes mettent en scène leur propre mort, en choisissant quelqu'un qui leur ressemble, en le dotant de leurs armes et vêtements, pour mieux échapper à la traque», selon le directeur du CF2R. Mais des membres d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) détenus par l'armée tchadienne ont confirmé la mort de Abdelhamid Abou Zeid, d'après des informations parues dans des médias. «De même, ils peuvent charger des djihadistes faits prisonniers de laisser entendre qu'ils sont morts...», estime M. Denécé. «Toutefois, les Tchadiens ont l'air sûr de leur évaluation. J'aurai donc tendance à les croire. Pour Belmokhtar, le mystère demeure entier», ajoute-t-il Un autre détail est fourni par Eric Denécé, concernant toujours l'information selon laquelle Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar seraient éliminés. «A l'inverse, n'oublions pas que si les forces franco-tchadiennes ont éliminé ces deux chefs terroristes, elles peuvent utiliser leur indicatif radio pour continuer à tromper les derniers combattants de leur katiba et donc n'ont pas nécessairement intérêt à ce que leur mort soit connue trop vite», explique-t-il. «Ce sont là les terribles lois de la guerre», conclut le directeur du CF2R.