Le gouvernement marocain a tenté de justifier l´expulsion des quatre eurodéputés, par l´intention qu´il leur prête de chercher à «saboter les excellentes relations» que le Maroc entretient avec l´Union européenne. Mercredi dernier, ces parlementaire européens, Vicent Garcès, Willy Meyer, Ivo Vajgl y Isabella Lövin, avaient été refoulés de l´aéroport de Casablanca où ils étaient arrivés séparément pour se rendre à Al Ayoune. Leur mission consistait à s´informer de la situation des droits de l´homme au Sahara occidental. Selon des témoins sur place, la police marocaine se livrerait à une violente répression des populations du Sahara occidental qui sont indignées par la condamnation à de lourdes peines des 24 indépendantistes sahraouis par le tribunal militaire de Rabat. La justice militaire les accuse d'une prétendue implication dans la mort des 11 auxiliaires de la police marocaine et gendarmes qui avaient brutalement pris d´assaut, le 8 novembre 2010, le camp de protestation pacifique de Gdeim Izik situé aux alentours d´Al Ayoune.
Des «provocateurs» ! Les associations humanitaires internationales et les parlementaires espagnols et européens, indignés par ce verdict, ont donc décidé de se rendre dans les territoires occupés par le Maroc pour s´informer de cette vague de répression. Pour le gouvernement marocain, ces euro-parlementaires sont des «activistes» pro-Front Polisario qui cherchent à «nuire» à l´image du royaume et à ses relations avec l´Europe. C´est ce qu´a déclaré le vice-ministre marocain des Affaires étrangères, Youssef Amrani, qui a qualifié de «provocation inopportune, désespérée et inacceptable» la visite que les quatre députés européens voulaient effectuer au Sahara occidental, selon ses dires, à «des fins politiques connues». Ce n´est pas la première fois que M. Welly Meyer et ses collègues sont empêchés de se rendre au Sahara occidental. L´année dernière, d´autres parlementaires espagnols, dont M. Toledo, ont été expulsés avec brutalité d´Al Ayoune vers Las Palmas d´où ils avaient pris le départ. M. Amrani a accusé les quatre députés d´être des partisans des «ennemis du Maroc qui ne ratent jamais une occasion pour attenter à l´image du Maroc», en allusion au Front Polisario, et indirectement aussi à l´Algérie qui soutient la cause sahraouie. Un rapport demandé par le Parlement de Strasbourg L´ambassadeur de l'UE à Rabat, Eneko Landáburu, a expliqué à l´agence espagnole Efe que le Parlement européen avait demandé mercredi qu´un rapport soit élaboré sur la situation qui prévaut dans l´ancienne colonie espagnole. C´est à cette fin que l´inter-groupe parlementaire pour le Sahara occidental a décidé d´envoyer sur place une délégation d´eurodéputés. Selon, M. Landáburu, l´ambassadeur du Maroc auprès de l´UE avait aussitôt averti par écrit le Parlement de Strasbourg que ces eurodéputés «n´étaient pas les bienvenus». En termes diplomatiques, cela signifie que les autorités marocaines les empêcheraient de se rendre au Sahara occidental. C´est donc en toute conscience de cette menace d´être refoulés que M. Willy Meyer et ses collègues ont pris le risque de tenter de se rendre à Al Ayoune. Ils savaient qu´ils allaient être refoulés. Leur initiative, ils la voulaient en soi comme un acte de solidarité avec le peuple sahraoui et une manière de plus de prouver le black-out exercé sur le Sahara occidental par l´occupant. Leur expulsion ne sera donc pas une affaire classée pour le Parlement de Strasbourg qui a mis son veto, en 2012, à la conclusion de tout accord économique et commercial entre Bruxelles et Rabat qui soit contraire aux intérêts du peuple sahraoui ou qui viole le caractère non autonome du Sahara occidental sur lequel le Maroc n´a aucun titre de souveraineté.