La presse sportive algérienne, notamment les quotidiens spécialisés, passe son temps, depuis un certain nombre d'années, à vanter les mérites de la clinique de médecine du sport de Doha, au Qatar, juste parce qu'elle a accueilli quelques-uns de nos footballeurs de l'équipe nationale. Cette structure a eu maintes fois les privilèges des manchettes en Une de chacun de ces quotidiens, comme si chaque jour qui passe elle réalise des miracles. Ce que cette presse ne dit pas c'est que parmi les spécialistes qui y exercent, nombreux sont les médecins algériens qui sont allés là-bas en quête d'un salaire nettement plus élevé que celui qu'ils percevaient en Algérie. Elle ne dit pas également une autre chose, cette presse sportive algérienne, à savoir qu'en matière de médecine du sport, l'Algérie a été le premier pays d'Afrique à se doter d'un centre spécialisé en médecine du sport. Cela ne s'est pas fait ces dernières années mais au tout début des années 70, c'est-à-dire il y a plus de 40 ans ! Oui il y a 40 ans notre pays possédait son centre national de médecine du sport et avait pris de l'avance sur nombre de pays de notre continent. Mais on le sait, chez nous on ne sait pas persévérer dans les bonnes initiatives. Le CNMS, sis à Clairval sur les hauteurs de la capitale, est, de ce fait, tombé dans la routine faute de moyens et de motivation. Le MJS crée sa propre structure Il faut dire que ce Centre a attisé la convoitise d'autres départements notamment celui de la Santé qui ne comprenait pas pourquoi il n'était pas placé sous sa tutelle. Ce ministère a fini par la suite par obtenir gain de cause pour y installer un service de cardiologie et de chirurgie cardiaque qui, il faut le reconnaître, est devenu l'un des plus performants du pays. Le service de médecine du sport a vivoté et continue de le faire en dépit des efforts de certains spécialistes comme l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a fait un cursus de cardiologie en grande partie orienté sur le sportif. Seul un médecin pouvait ranimer la flamme. Ce fut chose faite vers 2005 quand le ministère de la Jeunesse et des Sports a été dirigé par un professeur spécialisé en orthopédie, à savoir Yahia Guidoum. C'est sur son insistance que son département a pu obtenir l'aval du gouvernement pour créer un nouveau centre national de médecine du sport auquel on adjoindrait des centres régionaux, le tout sous tutelle du MJS. Le centre national existe alors que les centres régionaux sont en projet. Le premier active conformément aux dispositions du décret exécutif 06-371 du 19 octobre 2006 et est installé dans un bloc situé à l'entrée du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf, non loin de la salle OMS plus connue sous le nom de Coupole. Dirigée par le Dr Hocine Boudissa, cette structure a ouvert ses portes aux patients en 2010. Elle avait démarré avec seulement 3 médecins du sport et 3 kinés alors qu'aujourd'hui on y dénombre 12 spécialistes de la première corporation et 11 de la seconde. On peut y ajouter 3 psychologues, 1 dentiste ainsi qu'une manipulatrice radio. Pourquoi des psychologues ? «On a tort de négliger leur rôle, nous dira à leur sujet le Dr Boudissa. Il faut une approche psychologique pour n'importe quel athlète. Vous savez ce genre de personne a souvent besoin de conseils, d'être entendu et ses entraîneurs ont tendance à ne pas y accorder trop d'importance. Un sportif a ses propres soucis qu'il garde au plus profond de lui-même des fois et ne veut pas les divulguer. Cela ne fait que le handicaper dans la recherche de performances. Un autre athlète a besoin de motivation et souvent l'argent seul ne suffit pas. Et puis il y a cette pression qui vire au stress que nombre de sportifs ne parviennent pas à évacuer sans l'aide d'un soutien psychologique.» Le CNMS est ouvert exclusivement aux sportifs et travaille de concert avec les fédérations, les ligues et les clubs. C'est à son niveau que sont suivis la plupart des internationaux de toutes les disciplines sportives, hormis le football, toutes catégories confondues. Un sportif seul peut également y être suivi et se présenter en consultation s'il sent qu'il a un pépin de santé. «Il faut bien comprendre que notre centre a une mission essentiellement préventive, nous fera savoir le Dr Boudissa. Nous examinons le sportif de la tête aux pieds et il subit chez nous les explorations corporelles de base. Si nous jugeons que son cas doit être transmis à d'autres spécialistes en médecine c'est nous qui l'orientons suivant des conventions que nous signons avec certaines structures hospitalières du pays. Nous disposons de très gros moyens mais ce que nous avons entre nos mains suffit à mener une bonne action dans le domaine que nous maîtrisons.» Nous avons visité le centre et nous pouvons affirmer qu'effectivement le CNMS dispose d'un matériel de premier ordre pour tout ce qui se rapporte au diagnostic d'un mal ainsi qu'à la rééducation. Le centre gagnerait cependant à être plus grand, ne serait-ce que pour qu'il puisse disposer à l'avenir d'un bassin de récupération. «C'est prévu nous a dit le Dr Boudissa. Il y a une assiette de terrain mitoyenne au centre qui va accueillir un futur agrandissement. J'ajoute que ce serait bien que le CNMS puisse avoir son propre laboratoire d'analyses.» 4 centres régionaux en projet Il reste l'élément humain, à savoir ceux qui font fonctionner le site. On veut essentiellement parler des médecins du sport sachant qu'en Algérie il en sort à peine 4 à 5 par année. C'est peu, très peu. Dès lors qu'il est prévu de construire 4 centres régionaux de médecine du sport, un à Alger, un à Oran, un à Ouargla et un à Constantine, il va falloir encourager cette filière sachant que pendant que certains arrivent sur le marché du travail, il y en a qui partent exercer à l'étranger. En 1993, pour résorber le chômage qui sévissait chez les jeunes diplômés, il y avait eu une action de solidarité du gouvernement qui avait amené le ministère de la Jeunesse et des Sports à embaucher quelque 120 médecins généralistes qu'il avait affectés dans les différentes DJS du pays. Ces médecins ont, pendant des années, fait de tout sauf de la vraie médecine. Le MJS a donc, récemment, décidé qu'il fallait les utiliser dans un rôle qui leur sied. C'est ainsi que ces médecins généralistes subissent, par groupes de dix, des stages d'une quinzaine de jours dans le centre national de médecine du sport afin de pouvoir exercer dans ce domaine dans leurs régions respectives. «Il fallait le faire car ils n'étaient pas toujours utilisés pour des actions ayant trait à la médecine, nous a fait savoir le Dr Boudissa. Ce sont nos médecins qui exerceront dans les futurs centres régionaux ainsi que dans les structures médicales qui verront le jour même au niveau communal. Notre ambition est de doter chaque sportif algérien de quelque niveau qu'il soit et de n'importe quelle discipline, d'un livret médical dans lequel seront répertoriés sa carrière sportive et son suivi médical.» Pour terminer ce reportage, on se doit de parler du futur laboratoire antidopage d'Alger situé en plein cœur du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf. C'est une structure qui ne parvenait pas à voir le jour et dont les travaux étaient à l'arrêt jusqu'à ce que le Professeur Mohamed Tahmi, ministre de la Jeunesse et des Sports, vienne secouer le cocotier et ordonner leur reprise. Depuis, le site commence à prendre forme et il se dit que ce laboratoire, dont Alger voudra qu'il soit certifié par les services compétents du CIO, pourrait être inauguré avant la fin de cette année. Ce que le CNMS a fait en 2012 1409 sportifs ont bénéficié du contrôle médico-sportif dont 1015 font partie de l'élite. 1643 sportifs ont bénéficié d'une prise en charge pour soins dentaires dont 765 font partie de l'élite. 988 sportifs ont bénéficié de soins de sauna, massage, jacuzzi dont 887 font partie de l'élite. 1205 sportifs ont bénéficié d'une prise en charge psychologique dont 821 font partie de l'élite. 262 sportifs ont bénéficié de radiographie dont 82 font partie de l'élite. 2445 sportifs sont passés par la consultation du CNMS dont 763 font partie de l'élite. 8902 sportifs ont bénéficié de soins pour la rééducation dont 3317 font partie de l'élite. 16.854 actes médicaux ont été effectués durant l'année 2012.