Le parcours militant d'Ali Boumendjel, premier avocat engagé dans le combat pour l'indépendance de l'Algérie à être assassiné par l'armée française en mars 1957, a été évoqué lors d'une rencontre-hommage organisée samedi au siège du quotidien El-Moudjahid à l'occasion du 56ème anniversaire de sa mort. Des avocats, universitaires et proches du martyr, réunis par l'association "Michaâl Echahid", ont abordé le rôle qu'a joué cet homme dans la défense des principes des droits de l'homme et de la cause algérienne contre le système colonial français, appelant les générations montantes d'avocats à exercer leur métier en gardant en mémoire les sacrifices de leurs aïeuls assassinés de 1957 à 1962. Mahmoud Zertal, l'avocat qui a défendu le martyr Ahmed Zabana (guillotiné le 19 juin 1956 à la prison de Barberousse), a affirmé que le cas d'Ali Boumendjel et d'autres avocats torturés ou assassinés par des organisations rattachées aux services spéciaux français ou aux milieux colonialistes extrémistes, démontrait que le métier d'avocat était impliqué d'une manière directe dans la lutte anticolonialiste. La défense des prisonniers algériens, politiques ou des droits communs, par ces avocats, algériens ou étrangers, ne pouvait avoir lieu, selon Me Zertal, sans cette conviction "indéfectible" de la légitimité de la cause algérienne qui les habitait et le combat dans lequel ils se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie. Il a souligné, par ailleurs, que l'engagement et le combat des avocats pour la souveraineté de l'Algérie "devait se poursuivre même après l'indépendance du pays", appelant, à cet égard, les avocats d'aujourd'hui à éviter de faire de ce métier un "fonds de commerce", car, il est porteur d'un message "noble" et "né dans des conditions très difficiles", liées étroitement au système colonial. Dans le même contexte, le bâtonnier d'Alger, Me Abdelmadjid Sellini, a affirmé que les jeunes générations d'avocats, "doivent savoir que la liberté du pays n'a pas été offerte mais arrachée grâce aux sacrifices de ces hommes qui ont donné de leur vie pour que vive l'Algérie libre et indépendante". A propos d'Ali Boumendjel, Me Sellini a indiqué qu'il fut un homme juste et de droit qui a défendu la liberté et la dignité de son pays jusqu'au dernier souffle. De son côté, Fadhila Boumendjel, la fille du frère aîné du martyr, le célèbre avocat Ahmed Boumendjel, a évoqué les côtés militant, intellectuel, et humain de son oncle qui fut, a-t-elle dit, "un homme d'une grande simplicité et humilité". "Ali Boumendjel était totalement pacifique. C'était un homme passionné de littérature, de peinture, de musique, de football mais surtout un homme amoureux de justice. Il était dans le sillage de son frère aîné Ahmed", a-t-elle rappelé, affirmant que son sacrifice "n'a pas était inutile pour la mémoire de l'Algérie et son édification". Ali Boumendjel fut arrêté à Belouizdad (ancien Belcourt), le 8 février 1957, sur son lieu de travail par les parachutistes. Agé de 38 ans et père de quatre enfants, Ali Boumendjel a été sauvagement torturé pendant les 43 jours de sa détention, avant d'être achevé le 23 mars 1957 par le commandant Aussaresses, sur ordre de Massu. Cette date a été proclamée "Journée nationale de l'avocat" en 2004.