C'est dans sa tente dressée sur la route de Tagarout, au lieu-dit Achif, distant de près de 200 km de Bordj Badji Mokhtar, à quelques kilomètres des frontières algéro-maliennes et en plein désert, que nous avons rencontré, vendredi, Mohamed Ben Ahmed Toudji, un descendant de cheikh Bouamama. Les douleurs atroces dont il souffre l'empêchent de marcher. Il vient quand même vers nous en tentant de se déplacer sur ses mains. «Excusez moi, les douleurs m'empêchent de marcher», nous dit-il. Courageux et hospitalier, Mohamed Ben Mohamed Toudji fait des efforts pour parler. «J'ai subi une intervention chirurgicale il y a 4 mois environ pour l'ablation d'un kyste au ventre. Cette opération chirurgicale a réussi et je me sentais beaucoup mieux depuis, mais en ce moment, je ressens des douleurs atroces à l'endroit de l'intervention chirurgicale. C'est normal, je crois, sauf qu'en l'absence de médicaments, je ne peux soulager ces douleurs», nous a-t-il dit. Il se relève malgré les douleurs pour aller chercher un petit sac duquel il tire une carte nationale d'identité et nous la montre fièrement. «Regardez, je suis algérien», lance-t-il. Sur la pièce d'identité algérienne, il est indiqué que Mohamed Ben Mohamed Toudji est né à Gao, au Mali, en 1931. «Je suis originaire de Labiod Sidi cheikh, à El Bayadh. Je suis un descendant de cheikh Bouamama». «Ce dont nous souffrons ici, c'est du manque d'eau et de nourriture, pour nous, nomades algériens se trouvant dans cette région frontalière, et pour notre cheptel. Nous avons perdu un très grand nombre de chameaux qui ont fui cette région et qui sont entrés à El Khalil, au Mali. Nous avons peur d'aller les récupérer à cause de la guerre qui se déroule là-bas», témoigne Mohamed Ben Mohamed Toudji. «Plusieurs des nôtres sont retenus au Mali», ajoute-t-il. «Nous n'avons pas d'électricité et le puits le plus proche se trouve à des dizaines de kilomètres d'ici. Heureusement que nous possédons un camion ; regardez, il est à l'extérieur de la tente. C'est à bord de ce camion que les nomades parcourent quotidiennement des dizaines de kilomètres à la recherche d'eau, faute de quoi nous mourrons de soif, nous et ce qui reste de notre cheptel», dit-il encore. «L'Etat a fermé les frontières et nous comprenons cette décision prise pour des raisons sécuritaires, mais aucune solution palliative ne nous a été proposée par les pouvoirs publics pour nous permettre de survivre dans cet immense désert», regrette Mohamed Ben Mohamed Toudji. «La guerre au Mali menace nos vies. La sécheresse et le manque d'eau et de nourriture menacent nos vies et celle de notre cheptel. Nous sommes algériens et nous demandons, à travers vous, à l'Etat algérien de nous venir en aide», nous a-t-il dit comme un message de secours lancé par ce descendant de cheikh Bouamama en direction des pouvoirs publics.