Ingrid Patetta, la trentaine, est une Française ayant fait le choix de vivre en plein désert, au Niger, durant trois ans. Cette durée a été mise à profit afin de réaliser un documentaire sur le thème important de l'eau. Le film d'une vingtaine de minutes est sélectionné pour la participation au Festival international du film sur l'environnement en Turquie. Son passage à Blida sera marquant puisque venant à mi-chemin entre différents festivals de compétition. Naissance et enfance en France, des études à New York puis cinq années de travail dans une maison de production spécialisée dans le documentaire, quelques années à Niamey puis, depuis une dizaine de jours, à Paris. Dans cette interview, la réalisatrice parle de son documentaire consacré aux puisatiers du Niger. Vous participez avec un film nigérien alors que vous êtes française… Oui, je suis française, mais je revendique la paternité du Niger pour ce document. Je suis à la tête d'une boîte de production, la Cameranomade, de droit nigérien et je suis installée à Niamey où je me sens bien. Ce document traite des tribus du Niger... Non justement ! Un problème vital, celui de l'eau ; les puisatiers sont le thème du documentaire. Comment cela ? Nous avons pu passer beaucoup de temps avec ces pauvres hommes qui vont jusqu'à cent mètres en profondeur ; creuser, entretenir et s'occuper des puits, c'est-à-dire du produit vital pour cette région du monde. Le documentaire porte comme titre Au centre de la terre, pourquoi ? Aller à 100 mètres sous terre, cela sous-entend arriver au centre de la Terre quelque part. D'où ce choix quelque peu justifié. Il est de création récente ? Oui, en mai 2008, et il a remporté le premier prix au Niger avant de participer en septembre de la même année à Montpellier en hors compétition puis en novembre au festival de l'environnement. Maintenant, il est à Blida, avant d'aller au Canada début mars pour le Festival international du film ethnographique. Il sera également à Clermont-Ferrand en sélection hors compétition sur l'ethnographie visuelle. Le langage et les dialogues dans le documentaire ? Oui justement, trois dialectes sont là comme une musique, en dehors de la musique du documentaire provenant de la production et de l'enregistrement de la troupe locale Tartit Takamba. Un mot pour résumer le film, le Niger et cette immensité désertique... Oui, Courage ! C'est sans doute le terme qui peut résumer tout ce dénuement, cette patience et le fait d'accepter son sort tout en luttant pour la survie.