Le début de l'année 2013 a marqué les esprits. Les images de la découverte des deux corps de Haroun et Ibrahim, l'un dans un sac poubelle, l'autre dans une vieille valise, resteront à tout jamais gravées dans la mémoire non seulement des habitants de la nouvelle ville Ali-Mendjeli à Constantine, mais de tous les Algériens. Un mois après ce drame, l'inquiétude et la peur sont aussi vivaces qu'en ce jour du 10 mars. Le phénomène de disparition des enfants devient inquiétant. Il est nouveau, mais a tout l'air de se frayer un chemin dans une société en proie à tous les déséquilibres. De plus en plus, les regards des législateurs tout comme ceux des parents et de la société civile se focalisent sur la nécessité de mieux protéger l'enfant. Cependant, de nombreuses questions restent posées sans toutefois qu'une réponse rationnelle ne soit proposée. Quelle catégorie d'enfants est ciblée ? Quel est le profil des agresseurs présumés ? Comment choisissent-ils leurs proies ? Et comment faire face à un danger non identifié ? Autant de questions sans réponses. Il est vrai que depuis les crimes commis contre Soundous, Cheïma, Haroun et Ibrahim, une certaine prise de conscience est née. De nombreuses interventions, conférences, tables rondes sont tenues pour débattre de ce nouveau phénomène qui prend de l'ampleur. Même si certains estiment que cette prise de conscience est un peu tardive car, plusieurs agressions ont été signalées avant sans que l'inquiétude s'empare de la société, d'autres trouvent que «mieux vaut tard que jamais» et le plus important restera comment y faire face et combattre cette nouvelle forme de criminalité. Aujourd'hui, parents et enfants ne se sentent plus en sécurité dans leur cité, au marché, dans la rue et même à l'école. A l'Unité de voisinage (UV) 18 de la nouvelle ville Ali Mendjeli, les enfants refusent toujours de jouer devant leur immeuble. La psychose s'est installée et ne quitte pas les lieux. Même l'arrestation des auteurs de ce crime n'a pas apaisé les esprits. «Combien de Mamine et de Catastrophe (les deux gourous), la société renferme-t-elle», s'interrogent de nombreuses personnes dont des parents en insistant sur «la sensibilisation, encore et toujours, appelant chacun à s'y mettre de son côté». Les différents réseaux s'activent car «chaque enlèvement d'enfant est une disparition de trop», avait déclaré le Pr Khiati, président de la Forem, qui préconise un «système d'alerte kidnapping», comme solution pour résoudre ce phénomène. Il avait expliqué que «souvent, ces enlèvements se déroulent dans des quartiers nouvellement construits, là où il n'existe pas de poste de police, une situation dangereuse et grave pour une société comme la nôtre». Il précisera que «le kidnapping est un problème qui interpelle la société dans sa globalité, à savoir la société civile et les parents bien sûr». Réagir vite pour Nada Le réseau de protection de l'enfance et de la promotion des droits des enfants Nada envisage avec d'autres partenaires comme la justice et la sûreté de mettre en place un plan alerte enlèvement. «Réagir vite», deux mots qui pourraient sauver la vie de plusieurs enfants en Algérie. Un numéro vert mais aussi des campagnes d'information seront utilisées pour lancer une alerte dans tout le pays afin de retrouver les enfants disparus le plus rapidement possible. Le réseau Nada propose d'ores et déjà de contacter son numéro vert, le 3033, afin de réagir le plus rapidement possible lorsqu'un enfant est enlevé.