Les travailleurs des corps communs du secteur de l'enseignement supérieur ont tenu hier un sit-in non loin du siège de leur ministère. Initialement prévu devant le ministère, les travailleurs n'ont pas pu l'atteindre, la police veillant au grain. Les travailleurs ont donc été confinés devant l'entrée du parc zoologique de Ben Aknoun, ce qu'ils ont diversement apprécié. Des délégations venues d'autres wilayas, à l'instar de celle de Tizi Ouzou, n'ont pu rejoindre le sit-in car les services de sécurité ont bloqué leurs bus, réquisitionné les papiers du chauffeur et exigé qu'ils rebroussent chemin. Certains travailleurs de la wilaya d'Alger qui devaient se déplacer au moyen de bus de l'Onou ont dû trouver un autre moyen de locomotion, des instructions du ministère de l'Enseignement supérieur ayant interdit aux chauffeurs de les transporter, selon un militant du syndicat. M. Chalabi, président de la Fédération nationale de l'enseignement supérieur, affiliée au Snapap, a estimé que ces entraves étaient attendues même s'il espérait qu'elles n'auraient pas contraint certains à rebrousser chemin. Toutefois, ce changement de programme n'a pas démoralisé les travailleurs. Au contraire, ils étaient galvanisés par leur cause. Au cri de slogans s'attaquant à la hogra, à la cherté de la vie et sous une pluie battante, les travailleurs ont interpellé leur ministre afin qu'il prenne en considération leurs doléances. La plupart regrette l'absence de respect et de considération pour leur profession. «Nous ne sommes peut-être que des femmes de ménage ou des gardiens, mais nous sommes l'un des maillons de la chaîne et si nous n'étions pas là, les choses ne tourneraient pas rond. Nous demandons le respect pas la charité. Cependant, nous ne pouvons vivre avec des salaires de 15 000 à 20 000 DA», s'est exclamé un travailleur, ajoutant que dans tous les secteurs, des augmentations ont été accordées à certaines catégories, excepté les corps communs. Pour rappel, ces travailleurs réclament la suppression de l'article 87 bis de la loi 90-11 relatif au salaire de base, la diminution du taux de l'IRG en prenant en compte uniquement le salaire de base, la révision du statut particulier des corps communs, le droit à la formation et l'augmentation du point indiciaire de 45 à 65 DA. M. Latrèche, vice-président de la même fédération, a expliqué que le sit-in a eu des retombées positives en termes de visibilité et de capacité d'action, car des travailleurs de plus de 20 wilayas se sont déplacés. Il estime que c'est également le signe que la base continue à faire confiance au SG du Snapap et qu'elle ne s'est pas résignée. Toutefois, il regrette les entraves aux libertés syndicales qui ont été décidées afin de casser le mouvement. Il estime par ailleurs que la grève nationale du 21 au 25 avril doit être maintenue. Des travailleurs de Chlef et d'Ouargla ont également abordé les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l'exercice de leurs droits syndicaux. «Le directeur général de l'Onou de la wilaya se permet des ponctions sur salaire, des affectations internes pour tous ceux qui veulent rejoindre le Snapap, cela de connivence avec l'UGTA», a expliqué un délégué de Chlef. Un membre de la section syndicale d'Ouargla indiquera qu'il ne peut disposer d'un bureau car le directeur de l'université Kasdi-Merbah aurait également pris parti pour l'UGTA et interdit toute concurrence syndicale au sein de son université. Après plus de 2 heures de mobilisation, les travailleurs se sont dispersés dans le calme, promettant de revenir à la charge d'ici peu si rien n'est fait pour améliorer leur ordinaire qui s'apparente à de la survie.