Le chômage, et particulièrement celui des jeunes, «menace la paix sociale» dans tous les pays arabes. Les économies de ces pays sont incapables de satisfaire la demande d'emploi et cette situation risque de s'accentuer avec les programmes de privatisation des entreprises publiques engagés dans plusieurs pays, a averti, hier à Alger, Djabali Mohamed El Maraghi, président de l'Union générale des syndicats des travailleurs d'Egypte. Intervenant hier à Alger au deuxième jour des travaux de la 40e session de la conférence arabe du travail de l'Organisation arabe du travail (OAT), M. El Maraghi a mis l'accent sur le déséquilibre entre l'offre et la demande d'emploi. Cette situation a été engendrée par le recul de la production dans le secteur public, la faiblesse du secteur privé incapable de créer des emplois et la qualité de l'enseignement qui favorise les formations académiques. Les jeunes préfèrent suivre des études académiques pour avoir plus de chance d'être recrutés dans le secteur public qui offre une stabilité d'emploi en plus de la sécurité sociale. Citant le cas de son pays (Egypte), il a relevé que le système d'enseignement n'offre pas de formations répondant aux besoins de secteurs économiques. Dans un souci d'apporter des solutions au chômage des jeunes, l'union a créé une académie qui vise à former des jeunes étudiants n'ayant pas achevé leurs études afin de les insérer dans le monde du travail. Manque de visibilité économique dans les pays arabes Pour sa part, Ahmine Chaffir, chercheur et expert économique, a indiqué que le chômage des jeunes (15-24 ans) dans les pays arabes a atteint 25,2%. La majorité de ces primo-demandeurs d'emplois sont des diplômés. En marge des travaux, il nous a expliqué que le chômage accentue le sentiment «d'exclusion» et augmente la pauvreté. Au cours de la 40e cession, qui se poursuivra jusqu'au 22 avril, plusieurs expériences de lutte contre le chômage à travers le monde seront présentées pour tirer les enseignements nécessaires, a-t-il indiqué, ajoutant que l'expérience algérienne sera également mise en avant. A l'issu des travaux, l'OAT proposera des mesures pour lutter contre le chômage et les disparités sociales. Au sujet du faible taux d'investissements interarabes, M. Chaffir l'a expliqué par «l'absence de stratégie économiques dans les pays arabes qui ne définissent pas aussi les priorités et manquent de visibilité économique». Les pays du Golfe n'investissent pas dans l'industrie productive créatrice d'emplois et préfèrent placer leurs fonds dans des biens immobiliers, a-t-il relevé. Parmi les mesures permettant de lutter contre le chômage, l'expert a préconisé l'introduction dans l'enseignement de l'esprit d'entrepreneuriat chez les jeunes et l'encouragement des initiatives. Non au traitement social du chômage Au sujet des politiques d'emplois en Algérie, l'expert a préconisé «un traitement actif du chômage» à travers notamment l'amélioration de l'environnement des investissements, l'encouragement de l'industrie. «Le traitement social du chômage est une solution de court terme tandis que la création des conditions d'investissement est une solution pérenne et permanente», a-t-il insisté, recommandant la diversification et le développement des capacités industrielles nationales. Pour créer des emplois dans le Sud et diminuer la tension dans cette région du pays, il préconise des solutions spécifiques, qui émergent de la réalité locale. Il a proposé, dans ce sens, le développement de l'industrie pétrochimique et le tourisme. Pour sa part, le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohand Saïd Naït Abdelaziz, a plaidé pour l'accélération de la mise en application des 200 propositions faites par le patronat, lors de la bipartite gouvernement-patronat fin 2012, pour relancer l'industrie. Selon lui, les récentes instructions du Premier ministre aux banques pour faciliter l'accès aux crédits d'investissements aux entreprises et aux créateurs de projets dans le Sud n'ont pas été appliquées. ‘Ce sont des mesures sur papier sans impact réel', a-t-il regretté.