Diagnostics erronés qui se révèlent fatals, négligences et soins dispensés trop tardivement, opérations inappropriées et mal exécutées, méprise dans les traitements à administrer ou oubli d'insuline ou autres, telles sont les erreurs qui ont toujours cours dans nos hôpitaux, et ce, malgré les réformes engagées et les sommes dégagées chaque année en faveur de ce secteur. Les histoires sont fréquentes et chacun a déjà, malheureusement, vécu ce genre de situation. Ne dit-on pas, par boutade ou par fatalisme, que le malade rentre sur pieds à l'hôpital, il en ressort couché dans un cercueil ? Et cette phrase n'est pas qu'euphémisme, tant les personnes hospitalisées pour des maux bénins se retrouvent souvent souffrants d'une infection nosocomiales, atteints d'une maladie plus grave que celle dont ils souffraient originellement ou affublés d'une tare ou d'un handicap irréversible. Ces erreurs sont, selon toute vraisemblance, plus fréquentes dans les services de gynécologie et maternité, de chirurgie et de réanimation. Mais le secteur public n'a pas l'exclusivité quant aux erreurs et à la négligence, les cliniques privées aussi se retrouvent souvent au ban des accusés et font regretter aux patients la facture astronomique payée en échange de soins réputés plus sûrs. Mais à qui la faute ? Est-ce le manque de moyens dont souffrent ces établissements qui pourrait expliquer ces ratages, ou l'incurie dont fait parfois preuve le personnel médical, de l'infirmière au chirurgien, ou, comme encore beaucoup de personnes le pensent, est-ce la faute à «pas de chance», argument avancé par des médecins eux-mêmes ? Les causes sont certes multiples et il n'est pas aisée de délimiter la responsabilité de chacun. Mais reste que nos hôpitaux tuent toujours. Que l'impunité et l'omerta sont toujours de rigueur. Même si des statistiques officielles et complètes sont indisponibles, ce sont des milliersde cas de fautes médicales, plus ou moins graves, qui sont recensées chaque année et des centaines de plaintes déposées par les victimes de telles négligences ou par leurs familles. Cependant, si nombre de personnes taisent encore ces «bavures», inconscientes de leurs droits ou ne se sentant pas en mesure de les faire valoir, de plus en plus d'Algériens n'hésitent plus à saisir la justice pour demander réparation. Même si les plaintes n'aboutissent pas automatiquement, qu'elles ne sont pas toutes recevables par le conseil de déontologie médicale et que la procédure est longue et que des preuves matérielles sont indispensables, mais parfois impossibles à obtenir, les fautifs sont tout de même punis. Comme la condamnation des médecins responsables de la circoncision collective qui a tourné au drame, mutilant à vie des garçons à Constantine. Ou encore les deux praticiens, une gynécologue et un pédiatre, jugés à Oran pour erreur médicale ayant entraînée la stérilité de la plaignante et le handicap psychomoteur de son nouveau-né. Mais une peine de prison ou un dédommagement ne pourront jamais réellement «réparer» les torts commis, les décès occasionnés et les handicaps causés.