Comme en 2008, un black-out total a entouré, jusqu'à l'ultime moment, l'élection du nouveau président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Du moins jusqu'à une heure tardive hier soir, troisième jour du 5e congrès qui devait aboutir à l'élection du successeur de Bouguerra Soltani dont le mandat a pris fin. Alors qu'aucune candidature n'a été officiellement déclarée hier soir, le conseil consultatif élu devait trancher tardivement selon toute vraisemblance entre Abderrazak Mokri et Abderrahmane Saïdi. Les spéculations allaient bon train tout au long de la journée d'hier qui a été caractérisée par l'élection du conseil consultatif (Madjliss Echoura) qui devait à son tour élire le président après avoir récolté les candidatures. Aucune candidature officielle n'a été cependant révélée par les responsables du parti qui repoussaient à chaque fois «l'heure fatidique», même si Soltani, dans son allocution, a affirmé au début des travaux que chaque délégué répondant aux critères requis pour diriger le mouvement peut se porter candidat à ce poste. Mais les rumeurs ont précédé les «textes» puisque ces dernières faisaient état d'une rude concurrence entre l'ancien vice-président du MSP, Abderrazak Mokri, et le président du conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi. Une concurrence, dit-on, qui a débuté bien avant l'annonce de la date du congrès, soit en janvier dernier. Le premier est qualifié d'éradicateur, et le second de «conciliateur» prêt, comme Soltani, à entrer au gouvernement au moment où le parti compte reconstituer son ancienne base militante sur… de nouvelles bases. A l'heure où nous mettions sous presse, les travaux du congrès se poursuivaient encore avec l'élection des membres du conseil consultatif. Une chose est sûre néanmoins. Des amendements ont été introduits dans les statuts du mouvement adoptés par les congressistes dont la limitation du nombre de mandats du président à un seul mandat renouvelable une seule fois et la création d'une commission nationale indépendante de discipline. Aussi, il a été question de réserver des «quotas» aux jeunes, à la femme et aux représentants de la communauté algérienne à l'étranger au sein du conseil consultatif. Ainsi, cinq sièges sont attribués aux jeunes, quarante à la femme, dix aux compétences et enfin cinq à la communauté algérienne à l'étranger (émigration). Depuis le congrès de 2008 et le forcing de Soltani devant Menasra, les choses se sont «gâtées» au parti qui n'a cessé de connaître des crises qui ont abouti tout récemment à son «éclatement», avec notamment le départ de Menasra qui a lancé son Front du changement. Mais aussi et surtout de Amar Ghoul grâce à qui le MSP a glané pas moins de 13 sièges à l'APN lors des dernières législatives, qui a lui aussi lancé son Rassemblement de l'espoir. Bouguerra Soltani a beau assumer, lors de son allocution d'ouverture des travaux du congrès, les multiples revers qu'a connus le parti islamiste qui a fini par quitter l'Alliance présidentielle, mais les choses ne s'améliorent pas pour autant. Même si la priorité est «à l'élargissement du champ politique» du parti avec cette nouvelle tentative de rapprochement entre les anciens cadres qui ont déserté leur famille politique et l'actuel MSP, les tendances radicalement opposées des deux prétendants principaux à la succession de Soltani, à savoir l'ex-vice-président Abderrazak Mokri et le président du conseil consultatif, Abderrahmane Saïdi, témoignent de la fragilité de la structure du MSP. Un conciliateur (Saïdi) qui veut garder un pied dans le pouvoir et un éradicateur (Mokri) prêt à sacrifier certains «privilèges» pour placer résolument et une bonne fois pour toutes le parti dans l'opposition. Injonction de l'internationale islamiste ?