La France s'apprête à supprimer le mot "race" de sa législation ce qui suscite vendredi des interrogations de certaines associations anti-racistes en quête d'une vraie politique de lutte contre la xénophobie. Jeudi soir, les députés français ont adopté une proposition de loi supprimant le mot "race" du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Elle doit maintenant être examinée par le Sénat. La majorité socialiste s'est ralliée à cette proposition de la gauche radicale, soulignant qu'il s'agissait d'"une première étape". Le président François Hollande s'était en effet engagé pendant la campagne présidentielle à supprimer le mot "race" de la Constitution. Pour ne pas risquer de faire tomber l'incrimination de racisme, les députés socialistes ont fait adopter un amendement affirmant explicitement, dans l'article premier, que "la République combat le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie. Elle ne reconnaît l'existence d'aucune prétendue race". "Sur le plan pratique, cette suppression de termes de notre législation - qu'il restera à compléter par leur suppression dans la Constitution - sera d'un effet nul si elle n'est pas utilisée pour relancer une logique de lutte contre le racisme et les discriminations", a réagi vendredi dans un communiqué l'association SOS Racisme, traditionnellement proche du Parti socialiste. "La portée de ce vote sera purement symbolique : la suppression du mot "+race+ n'entraînera malheureusement pas la disparition du racisme", assure le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), qui se "réjouissait" cependant de cette initiative. Quant à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), elle s'est dite "dubitative". "A quoi ça rime de supprimer le mot race dans l'arsenal législatif et non dans la Constitution ?", a demandé son président Alain Jakubowicz.