Yves Bonnet, ancien patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, services secrets français), explique au Temps d'Algérie pourquoi la Syrie n'a pas chuté aussi rapidement que l'Egypte et la Tunisie. Cet ancien préfet et auteur de plusieurs ouvrages sur les services secrets et le contre-espionnage évoque, également, le crime contre l'humanité commis par un «islamiste» opposant au régime de Bachar El Assad qui, rappelle-t-on, a arraché le cœur d'un soldat et l'a mangé. «La situation en Syrie fait ressortir une fois de plus l'extrême complexité de stratifications humaines, ethniques, religieuses et gouvernementales. Les puissances occidentales, la France en particulier, réalisent que le manichéisme n'est pas de mise avec un bon et un méchant», nous a déclaré l'ancien patron de la DGSE. «La stratégie israélienne de «l'instabilité constructive» s'applique pleinement pour faire chuter une ‘dictature' qui ne l'est pas davantage que les monarchies arabes. Mais les excès des organisations islamistes terroristes finissent par condamner ces entreprises de morcellement et de balkanisation de chaque pays», a ajouté Yves Bonnet. Pourquoi la multiplication de crimes contre l'humanité par, notamment, «l'opposition islamiste» syrienne ? Pourquoi ? Probablement parce que la Syrie «assadienne» ne s'est pas effondrée aussi vite que l'Egypte, la Tunisie et surtout la Libye, deux pays où la France s'est investie fortement, selon Yves Bonnet, auteur, notamment, de Contre-espionnage : mémoire d'un ancien patron de la DGSE, paru en 2000, et de les Grandes oreilles du président, co-écrit avec Pascal Krop, et paru en 2004. L'ancien patron du contre-espionnage français, Yves Bonnet, explique, également, que «la résistance syrienne est aussi due au soutien russe et au décalage avec le printemps arabe qui a permis de juger des premiers effets de ces révolutions». Quelles seraient les conséquences de la guerre civile qu se déroule en Syrie ? «Les conséquences de la guerre civile qui se prolonge avec de plus en plus d'intervenants extérieurs seront très difficiles à tirer. Sur tous les plans. Juridique, politique, militaire et, par conséquent, stratégique». A quoi aboutirait la conférence internationale sur la Syrie qui enregistrerait un rapprochement dans les positions américaine et russe à propos de la Syrie ? «A mon sens, la conférence internationale débouchera sur un compromis où les Russes ont toutes les chances de l'emporter. Parce qu'ils savent ce qu'ils veulent et, comme toujours, ne dévient pas de leur ligne», conclura l'ancien patron de la Direction générale de la sécurité extérieure.