Slogan par excellence de son 5e congrès, qui s'est achevé hier à 2h du matin, avec l'élection des 159 membres du conseil national, le «consensus national» auquel veut aboutir le Front des forces socialistes (FFS) apparaît vague et «flou». Les explications avancées hier par Ali Laskri, membre de la nouvelle direction, dans une conférence de presse donnée au siège du parti à Alger, n'ont fait qu'accentuer le flou entretenu autour d'un concept aussi vague que «consensuel» dont les contours ne sont même pas tracés. Tout est renvoyé aux prochaines rencontres de la direction qui devrait se concerter avec les 159 membres du conseil national dans cette phase de transition post-Aït Ahmed. Avec qui se fera ce consensus qui devrait, selon Laskri, aboutir à une «alternative démocratique et pacifique» ? Autour de quel programme ? Y a-t-il un travail de «fond» qui s'est fait dans cette perspective ? Ali Laskri est resté hier évasif par rapport à ces nombreuses questions se contentant d'affirmer d'abord que le choix des membres de la nouvelle direction, tous proches de Aït Ahmed qui demeure président d'honneur du parti, s'est fait sur une base consensuelle, rejetant l'idée d'un «litige» à l'intérieur du parti, avant de se perdre en conjectures, expliquant ce «choix judicieux» par le souci de complémentarité et de cohésion, un choix (direction collégiale) qui se fait aussi ailleurs, «comme en Suisse», et s'est déjà fait en Algérie lors du congrès de la Soummam (CCE), une façon d'assurer une «meilleure période de transition». La question d'un porte-parole du directoire sera possiblement évoquée lors des prochaines réunions du conseil national, a-t-il fait savoir. Le consensus, «c'est la force du parti», commente Laskri, affirmant que le FFS restera dans l'opposition «pour reconstruire le consensus national dans l'esprit du congrès de la Soummam et de la déclaration de Novembre qui garantissent les libertés et les droits de l'homme» en vue d'aboutir à une «alternative démocratique de façon pacifique». Avec qui ? Ali Laskri évoque les syndicats autonomes et la société civile mais pas les partis politiques. «Il y a 52 partis, on ne peut pas les inviter au congrès», dit-il peu convainquant alors que des partis étrangers (maghrébins surtout) ont été conviés. Le parti d'Aït Ahmed, qui milite pour un «Maghreb démocratique des peuples», ne propose aucune alternative pour le consensus national qu'il appelle de tous ses vœux. «Nous avons déjà proposé des initiatives, l'initiative vient de façon consensuelle», répond Ali Laskri sans pour autant esquisser un quelconque début d'initiative. Lorsqu'une question sur le caractère national du parti qu'il revendique lui a été posée, alors que la direction du parti ne comporte que des représentants du centre du pays, il s'est carrément emporté : «C'est grave de penser ainsi, vous ne voulez pas la modernité. Regardez combien de fédérations ont pris part au congrès», a-t-il pesté, ajoutant : «Les responsabilités ne se font pas par région.» Interrogé sur la possibilité du FFS de prendre part à la prochaine présidentielle de 2014, Laskri, dont l'urgence est de construire un consensus et d'aboutir à une alternative démocratique, dira que ce n'est pas à l'ordre du jour, renvoyant encore une fois la question au conseil national qui prendra la décision de… «façon consensuelle». En fin de compte, le consensus recherché n'est-il pas celui du FFS ?