Les contacts diplomatiques se poursuivaient lundi en vue de la préparation de la nouvelle conférence internationale de paix "Genève 2" visant à trouver une issue politique au conflit qui ensanglante la Syrie où l'armée régulière maintient ses avancées sur le terrain face à l'opposition armée. Le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, dont les deux pays ont proposé la tenue de la conférence de paix prévue en juin prochain, doivent se réunir dans la journée à Paris pour de nouvelles discussions sur les moyens de contribuer à une issue de crise syrienne, selon des sources officielles. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait lui exprimé dimanche son souhait de faire avancer le projet d'une conférence de paix internationale sur la Syrie, soulignant que "la tragédie syrienne fait des dizaines de morts, tous les jours et qu'il faut trouver une solution politique". Moscou et Washington tiennent à organiser une conférence internationale et relancer le processus de Genève, du nom d'un accord signé le 30 juin 2012 en Suisse entre les grandes puissances sur une transition politique en Syrie. MM. Lavrov et Kerry ont convenu que Moscou et Washington inciteraient le gouvernement syrien et les groupes d'opposition à trouver une issue politique au conflit syrien qui dure depuis plus de deux ans, faisant plus de 80.000 morts, selon l'ONU. Damas a d'ores et déjà annoncé son intention de participer la conférence internationale de paix, tandis que l'opposition syrienne maintient ses exigences pour s'y joindre. "Nous pensons que cette conférence internationale sera une bonne occasion de trouver une solution politique à la crise en Syrie", avait déclaré dimanche le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, lors d'une visite inopinée à Baghdad. Cette annonce a été saluée par l'Irak et la Chine qui s'est dite, par la voix de son Premier ministre Li Keqiang, favorable à toute solution de paix acceptable par toutes les parties syriennes dans le cadre de Genève-2. Parallèlement, la Coalition nationale de l'opposition syrienne tient depuis quelques jours à Istanbul une réunion pour débattre de sa participation à la conférence de paix présentée comme "Genève 2". Pressés par des pays occidentaux et arabes de s'asseoir à la table des négociations, de nombreux membres de la Coalition de l'opposition syrienne ont exprimé des réserves quant à l'initiative "Genève 2", réclamant des assurances de la communauté internationale sur le départ du pouvoir du président Bachar al Assad. M. al Assad, qui affirme qu'il revient au seul peuple syrien de décider de son départ, s'était quant à lui dit déterminé à l'emporter contre la rébellion et l'extrémisme, ainsi qu'à trouver une solution politique à la crise qui ensanglante son pays depuis plus de deux ans. Discorde au sein de l'opposition syrienne Au moment où les membres de l'Union européenne discutaient lundi à Bruxelles d'une éventuelle levée de l'embargo sur les armes à destination de l'opposition syrienne, cette dernière connaît un sérieux revers dans ses efforts d'unification des opposants au pouvoir syrien avec le fiasco lundi d'un vote sur son élargissement à de nouveaux membres. La Coalition nationale de l'opposition accuse "des puissances régionales" d'avoir entravé les progrès de sa réunion à Istanbul pour décider ou non de sa participation à la réunion internationale sur une sortie de crise en Syrie, selon des sources de la coalition. Les opposants syriens relèvent que les réunions n'ont pu se concentrer sur ce thème clé "car les demandes de pays régionaux d'élargir le nombre de membres de la Coalition ont divisé le groupe et bloqué les progrès sur le reste de l'agenda des discussions". Après quatre jours de pourparlers difficiles à Istanbul sur la question de l'élargissement, les opposants devront encore débattre de la participation de la Coalition à Genève 2, élire leur nouveau président et se prononcer sur le gouvernement que va lui proposer Hassan Hitto, le Premier ministre élu par l'opposition pour administrer les régions aux mains de la rébellion. Poursuite des combats sur le terrain Sur le terrain, les affrontements se poursuivent entre les forces du gouvernement syrien et les rebelles dans plusieurs régions de la capitale Damas et dans sa banlieue. Ces combats interviennent alors que l'armée syrienne affirme avoir pénétré dans l'ancien aéroport militaire de Dabaa, une position clé dans la ligne de défense des rebelles au nord de Qousseir, dans la province de Homs (centre) théâtre depuis plusieurs jours de violents combats et de bombardements de l'armée. Dans la journée de lundi, une journaliste syrienne travaillant pour la chaîne d'information en continu Al-Ikhbariya a été tuée près de la ville de Qousseir. Face à cette situation sécuritaire des plus critiques, la Jordanie compte déployer des missiles Patriot sur son territoire, comme l'a déjà fait la Turquie, pour éviter un éventuel débordement du conflit en Syrie voisine. "La Jordanie souhaite déployer des batteries de missiles Patriot pour renforcer ses capacités défensives et aider à protéger le pays", avait annoncé dimanche le ministre jordanien de l'Information Mohamed Momani.