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«L'enfant algérien est devenu violent et tue pour un ballon de foot» Commissaire divisionnaire Kheira Messaoudène, chef de la brigade de protection des mineurs :
Au lendemain de l'Indépendance, l'Algérie avait supprimé le métier de cireur que pratiquaient beaucoup d'enfants algériens du temps du colonialisme. Aujourd'hui, cinquante ans après le recouvrement de la liberté nationale, des centaines d'enfants errent dans les rues, livrés à des prédateurs embusqués. Des milliers d'enfants font du vol leur école et de nombreux autres sont tombés dans le piège de la drogue. Un constat amer qui suscite l'inquiétude. A ce constat déjà terrifiant sont venues se greffer d'autres conjonctures, dont le terrorisme et les difficultés socio-économiques, provoquant chez l'enfant la naissance d'une violence jamais connue dans l'histoire du pays. Le débat tenu hier au forum de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf, a fait le tour du problème avec plusieurs participants, dont le commissaire divisionnaire Kheira Messaoudène, responsable de la brigade de protection des mineurs, le docteur Douria, représentante de l'Unicef en Algérie, et une représentante d'une association d'enfants handicapés. «La démission parentale» est venue compliquer davantage les choses au détriment du bien-être des enfants. «On assiste, actuellement, en Algérie, à une démission parentale et il y a une crise morale», selon le commissaire divisionnaire Kheira Messaoudène, chef de la brigade de la protection des mineurs, structure relevant de la DGSN. Ce commissaire de police a ajouté que différents aspects ont fait que «l'enfant algérien est devenu violent». «L'enfant algérien est armé de couteau et il est prêt à tuer pour un appareil de téléphone portable ou pour un ballon de football», selon Kheira Messaoudène. Elle rappelle qu'aujourd'hui les enfants en Algérie sont victimes d'agressions sexuelles et de kidnappings. La responsable de la brigade de protection des mineurs a annoncé que «9 homicides volontaires dont sont victimes des enfants ont été enregistrés durant les quatre premiers mois de l'année, dont les deux enfants violés et assassinés à Constantine». Kheira Messaoudène avertit, également, les parents contre «les prédateurs qui menacent leur progéniture». «Ces prédateurs agissent souvent de nuit et l'après-midi quand il n'y a pas beaucoup de monde dehors, et souvent dans des lieux isolés», selon elle. «Il n'y a pas de profil des agresseurs sexuels. Il existe même des enfants qui ont agressé sexuellement d'autres enfants», selon toujours le commissaire Kheira Messaoudène. Filmer l'audition de l'enfant victime d'agression sexuelle La même responsable évoque, d'autre part, les difficultés rencontrées dans les auditions d'enfants, victimes d'agressions sexuelles. «C'est une double effraction du corps de l'enfant quand ce dernier est contraint de relater les détails de son agression sexuelle», explique Kheira Messaoudène. «En Occident et en Jordanie, l'enfant est auditionné une seule fois et le film est envoyé au juge des mineurs pour éviter que ce mineur ne répète à chaque fois les détails de son agression sexuelle. Le ministère algérien de la Justice, via l'école de magistrature, pense à la possibilité d'appliquer cette technique en Algérie, mais qui tiendrait compte des traditions et valeurs de la société algérienne. Il faut une assise juridique pour l'application de cette technique en Algérie», a-t-elle lancé. «Il y a des chiffres sur les agressions sexuelles commises contre les mineurs, mais il y a des enfants qui souffrent en silence car ce n'est pas tout le monde qui dépose plainte quand il s'agit d'une affaire comme ça», explique encore la responsable de la brigade de protection des mineurs. Elle évoque également l'inceste qui existe en Algérie, selon elle. Elle évoque aussi les violences commises par les parents contre leurs enfants. «Je vous cite l'exemple de cet homme qui a frappé son enfant au point de le blesser. Pour éviter de l'emmener à l'hôpital de crainte qu'il ne soit interpellé, il a cousu lui-même la blessure de son enfant. C'est un enseignant qui l'a remarqué et le directeur de l'école qui a alerté la police», témoigne Kheira Messaoudène.