La prolifération des sangliers dans la capitale et sa banlieue prend des proportions inquiétantes. Le phénomène est plus ou moins explicable dans les villages de l'intérieur du pays ou même dans des villes adossées à des massifs forestiers en Kabylie, dans les Aurès ou le Constantinois, par exemple. La chronique locale est du reste émaillée de faits narrant l'intrusion de cette bête indésirable dans les potagers de villageois ou les décharges à la sortie des villages. Mais dans les grands centres urbains, il est plutôt rare de voir gambader cet animal honni parmi tous chez le commun des Algériens. Que dire alors d'une mégapole comme Alger, où l'asphalte et le béton constituent le cadre de vie dominant. C'est pourtant dans cette ville de plus ou moins trois millions d'âmes, qui dispose des plus grands services publics d'hygiène et de voirie du pays, c'est dans la capitale que le sanglier fait une intrusion remarquée dans le quotidien des Algérois. Alger est pourtant tout sauf une commune rurale. Même si certains bois résistent à l'avancée inexorable du béton, même si l'expansion tentaculaire de la cité a phagocyté des agglomérations bien enracinées dans la Mitidja, comme Ouled Fayet ou Douéra, il n'en reste pas moins que le constat est là : Alger est sous la menace de ce bestiau hautement impopulaire. L'inconvénient ne tient pas seulement à l'image détestable et indigeste de la bête, mais réside dans sa dangerosité. Le sanglier est un animal sauvage, dont la force et la hargne constituent un cocktail mortel. Des personnes ont dû leur salut à la chance et à des mains secourables à Bouchaoui, des automobilistes ont évité le pire près de Aïn Benian, des citoyens de Douéra doivent faire le guet aux aurores avant de sortir de leur domicile. Récemment encore, ce visiteur clandestin s'est introduit à l'aéroport d'Alger, créant un moment de panique imprescriptible parmi les passagers, avant d'être abattu par les forces de l'ordre. Le phénomène ne relève donc plus de l'anecdotique et tient maintenant de la sécurité du citoyen, surtout quand on sait que nos bois et forêts sont fréquentés par les familles, et donc des enfants, en quête de détente et d'air frais. Les autorités locales sont donc interpellées afin que le fait, jusqu'ici heureusement confiné au registre des rencontres indésirables, ne prenne une proportion dramatique.