Le désarroi des enseignants algériens se cristallise souvent par une inflation de mouvements sociaux. Les conditions de travail «désastreuses» et les bas salaires sont vigoureusement dénoncés par cette corporation. Des professeurs interrogés au niveau du lycée Issiakhem de Chéraga affirment que «plus le temps avance, plus le secteur de l'éducation se détériore». Une enseignante, la quarantaine, pense que «les premiers responsables de ce département doivent prendre plus au sérieux les préoccupations des professeurs, car le désarroi se répercute négativement sur leur rendement». Elle dénonce également «la passivité du ministère de tutelle». Par ailleurs, elle indique que «les classes surchargées ne permettent pas aux élèves d'évoluer et de mieux comprendre les cours». Accompagnée d'une collègue, âgée d'une cinquantaine d'années, cette dernière estime de son côté que «les deux syndicats qui représentent les professeurs ne portent pas réellement l'étendard des revendications». Elle signale que «si cette situation de mépris envers les enseignants persévère, toute une génération de lycéens sera sacrifiée». Ainsi, «on s'attend à un raz-de-marée d'étudiants incultes». Une troisième enseignante questionnée pense fréquemment à déposer sa démission pour se convertir dans une autre activité. Nos interlocutrices n'ont pas omis de faire savoir qu'«en plus des problèmes matériels récurrents, tels le manque de tables, de tableaux, de chauffage, de sanitaires dignes de ce nom, les programmes dispensés sont inadaptés et doivent être révisés. Car, avec la mondialisation, beaucoup de paramètres sont entrés en jeu et il devient nécessaire d'actualiser les manuels d'enseignement». Ce que confirment des lycéens, déclarant qu'ils prennent leurs cours dans une précarité insupportable. «Les classes sont sous-équipées, y compris en ce qui concerne le matériel de base, telles les chaises et les tables. En hiver, le froid est tel que la moindre concentration sur les cours devient impossible», affirment-ils pour illustrer leurs propos. «Les salles de cours abritent parfois plus de 40 élèves. Je suis obligé de prendre des leçons de soutien pour mieux me préparer aux examens de fin de trimestre», indique un élève de deuxième année secondaire. Les lycéens estiment par ailleurs que «le niveau est à la limite du moyen». Ils espèrent «une autre pédagogie». Ils ont en outre déploré «l'incompétence de quelques professeurs et dénoncé le laxisme des autorités concernées». «L'avenir de l'Algérie est incertain. Elle risque de ne plus posséder une élite performante pour développer le pays et l'intégrer dans le concert des grandes nations», déplorent-ils amers.