La grève a été décidée par les enseignants, mais elle appartient, selon les animateurs, à tout le personnel déçu par la nouvelle grille des salaires et par le flou qui entoure le projet de statut particulier. Le syndicat dénonce le mutisme des pouvoirs publics, à leur tête le ministère de tutelle qui continue à marginaliser le partenaire social. Nous n'avons jamais douté de l'issue de cette grève, ni de la lutte des enseignants et leur détermination à arracher leurs droits sociaux. » C'est par cette sentence que M. Lemdani, chargé de l'information au Cnapest, a tenu à exprimer sa satisfaction quant au taux de suivi du mot d'ordre de grève. Une grève décidée par les enseignants, mais qui appartient à tout le personnel déçu par la nouvelle grille des salaires et par le projet de statut particulier, estime notre interlocuteur. Le mouvement de protestation, qui prend fin aujourd'hui, est qualifié par les responsables de cette organisation syndicale d'une grande victoire et d'un test réussi. De leur point de vue, un syndicat se mesure au suivi d'un mouvement décidé en commun accord entre la base et le sommet. La grève a été largement suivie puisque le taux a dépassé les 70% de manière générale. Cet exploit ne peut qu'encourager les enseignants à investir davantage le terrain pour marquer leur présence et exiger leur droit. Dans certaines wilayas, le débrayage a atteint les 100%. A Alger, 86 établissements du secondaire sur les 114 n'ont pas été opérationnels, alors qu'à Bouira toutes les écoles des trois cycles ont été paralysées. Le même constat a été établi à Constantine où le taux de suivi au niveau du secondaire a dépassé les 70%. A Mila et à Souk Ahras, il a atteint les 90%. Idem pour la ville de Annaba. Les enseignants du Cnapest, qui ont opté pour cette action et qui l'ont vivement revendiquée, ont été au-devant de la scène. Ils ont, selon le porte-parole du syndicat, bravé les interdits et crié leur désarroi quant à la chute vertigineuse du pouvoir d'achat tout en manifestant leur déception des décisions prises par les pouvoirs publics à leur égard. Les enseignants affiliés au Cnapest ont donné une leçon à ceux qui les ont marginalisés dans la négociation. Cette victoire est également, de l'avis des animateurs de cette première action de contestation, une réponse à ceux qui ont confectionné une grille des salaires qui ne répond nullement aux attentes de la corporation. La grève a aussi pour objectif de dénoncer le flou qui entoure le projet du statut particulier qui ne précise à aucun passage les revendications tant défendues par les enseignants, comme la classification et les critères de calculs des primes de qualification et de rendement. Pour l'heure, les enseignants s'inquiètent beaucoup plus du régime indemnitaire qui est en train de se faire dans l'opacité la plus totale. Ils craignent que le régime indemnitaire ne subisse le même sort que celui du projet de statut particulier, notamment en ce qui concerne le calcul des indemnités spécifiques, comme l'indemnité complémentaire sur le revenu (ICR) qui représente 20% du salaire et l'indemnité spécifique de qualification qui est estimée à 40% du salaire. « Nous revendiquons ni plus ni moins nos droits. Nous ne demandons pas l'aumône. Nous voulons vivre dignement avec un salaire décent. Il est malheureux de voir un enseignant qui a sacrifié toute sa vie pour former des générations faire la manche », a regretté une éducatrice qui espère que le cri de détresse lancé par les enseignants soit entendu en haut lieu. « Il est temps de passer à la table des négociations en améliorant les conditions de travail des enseignants. Inévitablement, cette amélioration se répercutera positivement sur l'école algérienne », a déclaré le représentant du Cnapest. La majorité des enseignants affiliés ou pas au Cnapest affirme que la nouvelle grille des salaires n'est qu'un leurre. C'est le retour à la case départ, notamment à l'an 2003, début du mouvement de contestation. Le sentiment de déception est le dénominateur commun entre les fonctionnaires de l'Etat algérien. Les enseignants rencontrés hier au niveau de certains établissements attendent et espèrent tous que l'injustice commise à leur égard au niveau de cette grille soit corrigée ou plutôt rattrapée dans le régime indemnitaire. Par ailleurs, faut-il mentionner le silence radio du ministère de tutelle. Contacté hier, un responsable de cette institution s'est contenté de dire que le département de M. Benbouzid n'a aucun commentaire à faire. Drôle de démarche pour tenter de remonter le moral des enseignants ou alors apaiser la situation.