Faut-il jeter un regard froid et détaché sur les gestations que connaît l'école algérienne ? En dépit de tous les efforts, les budgets colossaux et les réformes tous azimuts, le secteur vit d'une manière permanente les soubresauts des agitations, les critiques acerbes sur les pédagogies et des questionnements éternels sur le devenir de nos enfants scolarisés. Il n'y a pas de doute que notre école vit un profond malaise, une crise de croissance et des bouleversements considérables, dont les pédagogues ne maîtrisent pas encore les effets et les conséquences. Car notre école n'existe pas et ne se meut pas en vase clos, subissant les aléas du vécu, les déchirements des parents comme celui des enseignants. Elle évolue au gré des conjonctures et s'expose aux séismes répétitifs de la société. Qu'on injecte mille milliards de dinars dans les moyens pédagogiques, dans les cantines, dans les transports scolaires, dans l'amélioration des conditions sociales et professionnelles des enseignants, on trouvera toujours à redire sur les méthodes d'enseignement, sur les techniques ou sur les contenus des matières. Certains préconisent des solutions magiques et toutes simples comme «améliorer le destin des professeurs et vous gagnerez des générations», faisant valoir le côté matériel sur l'aspect pédagogique. D'autres misent sur une double mixture «esprit et matière» pour assurer la bonne relève, se basant sur des doctrines étrangères. Il y a le reste, ceux qui cherchent pour cette école une âme, une identité, une algérianité pas toujours facile à bâtir, pour enfanter des citoyens futurs (et non des sujets), ceux-là mêmes qui se reconnaîtront dans une patrie ou une nation. De plus, quoi qu'on dise, cette école est à l'image du pays et de sa société, elle ne peut être que son propre reflet, un reflet pas toujours rose.