L'école algérienne souffre d'un tas de problèmes qui freinent son évolution : manque de moyens pédagogiques, surcharge des classes, retard dans la construction d'établissements, formation insuffisante du personnel enseignant, incompétence des cadres, etc. L'année scolaire 2008-2009 a été placée sous le signe de la réforme. Mais quelle réforme ? L'école algérienne connaît cette année une surcharge de classes sans précédent. Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, l'a lui-même qualifiée de tsunami. Huit millions d'élèves ont regagné les classes en septembre 2008. Le cycle moyen est le plus «inondé» du fait du passage simultané des 5e et 6e années primaires. Dans certaines classes, on trouve trois élèves par table. D'autres écoles sont contraintes de réduire de moitié la durée de certains cours pour compenser le manque de places. Cette surcharge est due en grande partie aux réformes de l'enseignement qui ont permis aux élèves des cinquième et sixième années d'atteindre le cycle moyen en même temps. La congestion qui en résulte inquiète les parents comme les enseignants. Ces derniers, habitués à des classes d'une trentaine d'élèves, se retrouvent aujourd'hui avec des effectifs de cinquante et parfois même soixante élèves par classe.Le département de Benbouzid qui considère cette «faillite de la réforme» comme étant un «un problème conjoncturel», n'a pas cessé d'avancer certaines «solutions bricoles», telles que la reconversion de certaines classes du secondaire en classes du cycle moyen ou encore l'élargissement, dans le futur, de 3670 classes. Deux solutions qui permettent à M. Benbouzid de «ne pas jeter de l'argent par la fenêtre», mais qui plongent les élèves, les enseignants et les parents dans l'incertitude. Sur le plan pédagogique, maintenir le même nombre d'élèves dans plus d'espace ne change en aucun cas le problème de la surcharge des classes. En effet, les élèves sont distraits par l'espace et pour l'enseignant ce sera comme prêcher dans le désert. Une formation qui laisse à désirer Dans le cadre des réformes du système éducatif, une politique de formation continue des personnels du secteur a été adoptée depuis 2005. A la faveur de cette politique inscrite dans la durée, tous les travailleurs bénéficieront, dans un cadre ou un autre, d'une mise à niveau des compétences professionnelles selon les besoins constatés. Selon les estimations de M. Benbouzid, «environ 70% des enseignants dans le primaire et le moyen n'ont pas le bac». Actuellement, 120 000 enseignants sont en cours de formation. Le recyclage des enseignants touchera même ceux qui ont une vingtaine d'années d'expérience. La question que plus d'un se pose est : qu'apportera de plus une formation de quelques jours à des enseignants ayant consacré toute leur vie au secteur éducatif ? Des chiffres qui trompent Si le ministre de l'Education nationale ne cesse de jouer sur les chiffres de la réforme concernant, notamment, le nombre d'établissements scolaires réalisés et aménagés à l'échelle nationale, la situation sur le terrain est loin d'être reluisante. Dans certaines écoles, à Alger ou à l'intérieur du pays, c'est la précarité qui règne. Manque, voire absence de chauffage, insalubrité des sanitaires parfois inadaptés, vitres cassées, boiserie de dernier choix, manque de mobilier (chaises, tables et autres estrades), des cours non aménagés, absence de cantines… sont, entre autres contraintes auxquelles les élèves et les enseignants font face quotidiennement, notamment en période de froid. Certains enseignants se sont retrouvés obligés de se doter de chauffages électriques (résistances) pour pouvoir présenter leur cours. Le manque de transport oblige les élèves, dans la plupart des régions du pays, notamment en zone rurale, à parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre les bancs de l'école. Un autre problème, et pas des moindres, reste posé : le manque d'UDS (Unités de dépistage en milieu scolaire) à même d'assurer le suivi sanitaire des élèves.