Tous les partis qui avaient porté sa candidature à la magistrature suprême en 1999 le lâchent l'un après l'autre. Le président de la République ne bénéficie actuellement d'aucun soutien partisan. L'ensemble des partis qui avaient porté sa candidature à la magistrature suprême en 1999 (FLN, RND, MSP, Ennahda) ainsi que les formations de la coalition gouvernementale qui ont soutenu son programme après son élection, le lâchent l'un après l'autre. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), organisation qu'on sait traversée par des courants politiques identifiés (FLN, RND notamment), vient d'annoncer publiquement qu'elle ne soutiendra pas M. Bouteflika en 2004 et exprime du coup un désaveu cinglant de la formation de Benflis et d'Ouyahia à l'égard de l'ex-“candidat du consensus”. Si, par ailleurs, pour le moment, l'opposition aux options politiques stratégiques de l'actuel chef de l'Etat de la part de ces deux formations n'est pas frontale, la radicalisation des positions de l'organisation de Abdelmadjid Sidi Saïd, qui a submergé du reste la scène médiatique, risque d'accélérer la décantation politique en provoquant des réactions en chaîne chez ces deux partis. Bien qu'auparavant aussi bien le patron du Rassemblement national démocratique (RND) que le leader du Front de libération nationale (FLN) aient opposé un refus catégorique aux velléités de prorogation de la loi sur la concorde civile et au projet de réconciliation nationale, véritable credo présidentiel, M. Benflis autant que son homologue du RND, Ouyahia, estiment, à ce propos, qu'il n'y a pas de “réconciliation possible avec ceux qui ont assassiné, violé et brûlé le pays”. Aussi, Bouteflika qui a été soutenu en 1999 par le comité central (CC) du plus vieux parti ne risque pas de rééditer son coup puisque jusqu'à nouvel ordre, son Chef du gouvernement, Ali Benflis, s'est totalement approprié le FLN. La nouvelle ligne politique moderniste imprimée au parti, le double succès électoral (aux locales et aux législatives) et l'ouverture du parti aux femmes, aux jeunes et aux compétences avérées ont “définitivement fermé le jeu” à la vieille garde du FLN et fortifié considérablement l'équipe Benflis. C'est ce qu'indique du moins une source très au fait des rouages du parti qui soutient, par ailleurs, que “la prétendue rencontre des anciens cadres du FLN n'est que de la poudre aux yeux”. De même que Bouteflika lui-même avoue à ses proches que “le FLN lui échappe”. Côté islamistes, s'il est de notoriété publique que le leader du Mouvement de la réforme nationale (MRN), Abdellah Djaballah, ambitionne de se porter candidat à la prochaine présidentielle, le premier responsable du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Mahfoud Nahnah est réputé pour son soutien au candidat de “I'armée”. Du côté des démocrates, s'il est certain dans ce cadre que le RCD, qui a quitté un gouvernement “qui tire sur la foule”, et le MDS n'apporteront pas leur appui à l'actuel chef de l'Etat, la position du FFS, à cet égard, demeure une inconnue. Mais la grosse interrogation est de savoir par quel stratagème Bouteflika compte prétendre à un second mandat sans le soutien d'un parti. N. M.