Les relations économiques, notamment avec un pays à économie libre telle la France, sont essentiellement l'oeuvre d'entreprises privées. De ce fait, elles demeurent implacablement régies par le profit, prévisible, d'entreprendre (ou pas) un quelconque acte économique vers un pays ou un autre, de la part de ces entreprises, et ce, au-delà des verbiages politiques. S'interroger sur l'impact, à l'égard de l'économie algérienne, d'un rapprochement avec la France ne peut oblitérer, justement, de s'interroger à propos de l'attractivité de l'économie nationale sur les investisseurs français potentiels. En effet, si l'Algérie reste le principal partenaire de la France en Afrique, et que l'Hexagone demeure son premier fournisseur, avec 25,12% des importations, ainsi que son troisième client, avec 13,71% des exportations, que représente, en revanche, l'Algérie dans les tableaux économiques français? Pas plus de 1% des échanges globaux! Plus, malgré l'évolution positive de nos échanges, ces trois dernières années, nous ne sommes que son 14e client (18e en 2000) et 17e fournisseur (22e en 2000). Qu'en est-il des investissements directs, source, du moins, de création d'emploi? TotalfinaElf, premier investisseur français en Algérie, a investi un montant de 18,5 USD en hydrocarbures. Un consortium, dont Gaz de France détient 25% des parts, a conclue début 2001, un accord pour l'exploration et le développement du champ gazier d'Ahnet. Quelques investisseurs totalisent environ 6000 emplois aussi bien dans l'industrie pharmaceutique (Aventis et Sanofi-Synthelabo), les détergents (Henkel), l'agroalimentaire (Danone) et autres réseaux de distributions automobiles. Le tableau est, certes, peu réjouissant, mais ne concerne pas, pour autant, l'Algérie, à titre exclusif. Les Investissements directs français (IDF) aussi bien en Méditerranée que dans les pays du Maghreb sont tout aussi marginaux, relativement aux IDF dans d'autres régions économiques. Le caractère marginal de l'attractivité de notre économie nationale a été confirmé, d'ailleurs, dans le récent rapport 2002, de la Cnuced, sur l'investissement dans le monde. Ce rapport classe l'Algérie parmi la catégorie des pays «les moins dynamiques», soit le bas de l'échelle. Le classement dans cette catégorie de pays est, dans l'évaluation faite par la Cnuced, une combinaison entre, d'une part, la faiblesse de l'attraction «réelle» des investissements directs étrangers (IDE) et, d'autre part, la faiblesse de l'attraction «potentielle» de ces mêmes IDE. Une législation claire et encourageant; des banques dynamiques...,en somme, ce de quoi l'Algérie est dépourvue actuellement. Les verdicts des organismes d'assurance-crédit, à l'instar de la Coface française ou le Ducroire belge, sont, à ce titre, sans appel. Pour la Coface, l'Algérie, flanquée d'un B, présente «un environnement économique et politique incertain (...) susceptible d'affecter des comportements de paiement souvent médiocres.» Pour le Ducroire belge, elle bénéficie d'une note de 4/7 (plus c'est bas plus c'est mauvais), pour les risques politiques, et d'un C (plus mauvaise note) pour les risques commerciaux. Il serait, dans ce cas, trop tôt de s'attendre à un quelconque démarrage spectaculaire, dans le domaine économique, entre les deux pays. Même si la volonté politique, des deux côtés du Bassin méditerranéen, s'avère être forte et sincère, la traduction des intentions politiques en actes économiques palpables reste, quant à elle, tributaire d'une reconfiguration du cadre économique national avec tout ce que cela prévoit comme réformes aussi bien institutionnelles que fonctionnelles. L'enjeu est donc essentiellement là.