Entre l'arrêt des réformes économiques et l'expectative des opérateurs économiques L'économie algérienne est en panne. Les réformes économiques sont à l'arrêt et les opérateurs sont dans l'expectative. Les dernières mesures prises, sans consultation, par les pouvoirs publics en matière de régulation du commerce compliquent d'avantage la situation. Si l'on peut comprendre que, jusque-là, les initiatives menées par les pouvoirs publics en matière de dialogue économique aient été orientées surtout vers des préoccupations de court terme (il s'agissait le plus souvent de trouver des réponses pour apaiser la sphère sociale dans un contexte économique national très difficile), la conjoncture exceptionnellement favorable que connaît notre pays, au cours des dernières années, ouvre une perspective nouvelle, celle de pouvoir engager sérieusement des réformes ambitieuses pour une relance du développement économique national à long terme. Se pose alors la question centrale de l'entreprise algérienne et des moyens à réunir pour en faire le vecteur essentiel du développement économique national. Les difficultés, de ce point de vue, ont été recensées depuis longtemps aussi bien par les institutions nationales que par des organismes internationaux. Même si les solutions préconisées en la matière sont souvent évidentes et font l'objet d'un très large consensus, il reste toutefois que leur mise en œuvre sur le terrain se fait de manière trop lente et trop timide. Si l'enjeu n'est pas tant celui de la réponse à donner à des revendications récurrentes des chefs d'entreprises, il est néanmoins et surtout celui des moyens d'impulser une croissance forte et soutenue, en traitant l'ensemble des facteurs du sous-développement de l'économie nationale. L'autre domaine de préoccupation des chefs d'entreprises est celui relatif aux axes prioritaires sur lesquels les autorités doivent s'engager, des axes qui constituent autant de dossiers sur lesquels notre pays a pris de grands retards et qui demandent maintenant un traitement urgent. De ce fait, des questions essentielles, comme celles, notamment, du poids de l'économie informelle, des implications de l'ouverture commerciale ou de la disponibilité et de la qualité de l'information économique, sont des points d'entrée inévitables de tout débat économique sérieux. L'efficacité de la politique économique que suivront les autorités publiques, ne pourra pas être mesurable à l'aune de la seule réalisation des programmes ambitieux d'investissement mis en chantier sur instruction du président de la République. Si ces derniers sont utiles et indispensables et s'ils répondent à un besoin absolu et urgent de rattrapage de retards et de modernisation des infrastructures économiques publiques, il est tout à fait vital qu'ils soient accompagnés par un programme économique tourné vers le développement et la promotion de la production nationale de biens et de services, dans le contexte d'une économie ouverte. Le problème de toutes les transformations indispensables que notre pays doit s'attacher à mener à bien pour se mettre sur la voie d'une croissance plus saine, plus forte et plus durable, reste entièrement posé. Il convient d'insister fortement sur l'impératif absolu qui s'impose à notre pays et à sa politique économique, celui d'avoir à résoudre la contrainte lourde de la dépendance externe, ou tout au moins à en desserrer l'étreinte, dans un horizon prévisible et programmé. Plus clairement, il s'agit de travailler à inverser progressivement la tendance structurelle observée à l'échelle de notre politique économique depuis une trentaine d'années, une tendance qui fait que l'investissement national entretient et alimente le cycle de la dépendance commerciale extérieure au lieu de le réduire. Cela implique la mise en œuvre de politiques concrètes se donnant notamment pour objectifs explicites. Il s'agit entre autre de mettre à niveau massivement les entreprises algériennes, de stimuler efficacement le développement des exportations de biens et de services hors hydrocarbures, de développer les parts de marché des productions nationales et d'impliquer d'avantage des entreprises nationales dans les grands chantiers d'investissement public et, le cas échéant, réserver des créneaux porteurs à l'investissement national. D'importants besoins de clarification paraissent indispensables à ce niveau, que ce soit pour la prise en charge des insuffisances du système de régulation économique qui régit l'activité des entreprises, et encore plus pour ce qui est des orientations du développement économique national. C'est là, véritablement, le talon d'Achille de toute la politique économique publique, en ce sens que, si au regard des pouvoirs publics, des réformes de fond sont effectivement engagées pour transformer les dispositifs institutionnels régissant les activités économiques et si, à plusieurs égards, des progrès réels sont enregistrés dans de nombreux domaines, il n'en demeure pas moins que, pour l'entreprise, l'environnement économique est un ensemble solidaire à l'intérieur duquel elle doit fonctionner et évoluer, et toute rupture de la cohérence de cet ensemble est un surcoût qui pénalise ses performances et sa compétitivité.