Le soulagement des milieux islamistes semble égaler en intensité l'ire de certains partis. Parmi tous les partis présents au pouvoir, seul le FLN a eu le chic d'exprimer clairement sa position par rapport à la récente déclaration du chef d'état-major dans laquelle il affirmait que l'institution militaire ne s'opposerait pas à l'émergence d'un président d'obédience islamiste. Joint hier par téléphone, le porte-parole du parti a tenu à ce que la position du FLN soit clairement exprimée, sans déformation aucune. A savoir, «pas de commentaire». Une très courte phrase qui peut signifier, certes, beaucoup de choses à la fois, mais dont le sens exact, venant de la part du premier parti du pays, ne peut vouloir dire autre chose, comme le soulignent certains observateurs, qu'une «satisfaction par rapport à cette nouvelle avancée en matière de démocratie et de respect de la souveraineté populaire». Le MSP, lui, continue à se porter aux abonnés absents même si nous avons pu apprendre, hier, qu'une réunion du secrétariat national du parti avait eu lieu hier. L'un des points d'achoppement de cette rencontre, selon des indiscrétions, a eu trait à l'entretien accordé par le général-major Mohamed Lamari au journal Le Point. Les avis, croit-on savoir, ont divergé aussi bien sur la position à adopter que sur la nécessité ou pas d'exprimer publiquement ladite position avec toutes les conséquences pouvant en découler sur l'avenir, déjà incertain, de cette formation. Mahfoud Nahnah, en convalescence à l'étranger, aurait été joint par téléphone afin de savoir comment réagir. A l'heure où nous mettions sous presse, un communiqué sanctionnant cette réunion s'est penché sur cette question pour qualifier la déclaration de Mohamed Lamari de «grand pas en direction de la consécration de la démocratie», ajoutant qu'«elle aide à poursuivre sur la voie de la sortie de crise». Cela, avant de souhaiter que les «autres institutions (sic) prennent exemple sur l'institution militaire». Pour le RND, le ton semble être à l'expectative. Ouyahia, en déplacement à l'étranger, a-t-on appris de sources proches de la direction de ce parti, devrait réunir aujourd'hui les membres de son bureau national afin de se pencher sur cette question. La même source, connue pour être proche du secrétaire général du RND, précise que «même si la déclaration du général Mohamed Lamari est positive en soi, il n'en demeure pas moins que le danger intégriste est toujours là et que c'est parce que la mouvance démocrate républicaine a failli à sa mission laissant l'ANP seule face aux critiques et aux attaques que celle-ci a été forcée d'agir de la sorte». Le ton est encore plus «amer» du côté de l'Ugta. Un membre du secrétariat national, qui annonce que la direction nationale du syndicat va probablement se réunir aujourd'hui sous la présidence de Madjid Sidi Saïd, rappelle que «la Centrale, qui a déjà eu à se prononcer ouvertement contre la concorde nationale, mais aussi qui a fait front à la montée de l'intégrisme en 92, ne peut pas rester indifférente face à cette déclaration». Il n'en demeure pas moins, au regard de certaines considérations, que la Centrale ne pourra pas réagir avec force face à cette déclaration. Du côté du PT de Louisa Hanoune, le ton est à la hauteur de vue. Un membre de la direction du parti indique que «le PT a pris acte de cette déclaration», ce qui peut signifier que les actes nécessaires en sont attendus. Cela avant de préciser que «les positions du Parti des travailleurs ont toujours été très claires sur cette question depuis son entrée officielle sur la scène politique». Même son de cloche, ou presque, du côté du FFS même si ce parti donne l'air de réserver sa position finale pour la réunion de son secrétariat national. En somme, la déclaration de Mohamed Lamari semble bien accueillie par la quasi-totalité de la classe politique même si les sons de cloche divergent d'une sensibilité à une autre de manière assez significative.