La ministre de la Communication et de la Culture veut soumettre le projet à l'appréciation de la corporation. Mme Khalida Toumi a annoncé la finalisation du projet de texte de loi amendant le Code de l'information de 1990 par les experts. En mars prochain, il sera soumis à l'appréciation de la corporation pour aller ensuite à l'Assemblée pour débat et adoption. Mais on vient d'apprendre, de source bien informée, que l'amendement du Code de l'information ne figure pas parmi les priorités de l'heure. Il ne pourrait, par conséquent, voir le jour qu'après la présidentielle de 2004. Alors pourquoi mettre sur le tapis un projet qui n'a aucune chance de peser sur le cours des événements? La question mérite d'être posée. La libéralisation du champ médiatique figure parmi les grands acquis de la démocratisation qui n'est pas allée, hélas, jusqu'à son terme. Mais c'est à la fois l'une des grandes tares de cette même démocratisation, en matière d'éthique, parce que le métier de journaliste a été dévalorisé. Et cela n'a aucun rapport avec les lois. Puisque personne ne respecte la loi en vigueur. On n'a qu'à la reprendre, article par article, pour saisir le sens de ces propos. S'il s'agit de remplacer un texte par un autre, sans aucune utilité, qu'il en soit ainsi. La corporation ne s'est jamais sentie plus mal. De la formation en passant par l'encadrement, l'exercice du métier, les conflits sociaux qui le minent, le métier de journaliste est, de nos jours, l'un des plus ingrats. Mais lorsqu'on sait l'influence considérable qu'il exerce sur l'opinion, on comprend mieux les conséquences des spectres déformants. La corporation a plus que jamais besoin d'un peu d'ordre. Personne n'est en mesure, aujourd'hui, d'évaluer le nombre de journalistes. Combien y a-t-il de journalistes disposant d'un contrat de travail? Combien sont-ils ceux pouvant aspirer à une retraite demain? Combien sont-ils à payer leurs cotisations de sécurité sociale? Qui dispose d'une carte de presse reconnue universellement lui permettant d'exercer convenablement son métier ici ou ailleurs? Combien sont-ils ceux jouissant de réductions dans le transport, le téléphone, le fax ou l'Internet? Les questions sont nombreuses et méritent d'être posées. Le secteur de l'information souffre de maux terribles. Les hommes et les femmes qui l'exercent en savent quelque chose. Ce n'est donc pas une question de loi. La corporation n'a pas besoin de loi pour vivre heureuse. Elle a seulement besoin de normes lui permettant d'évoluer, de s'épanouir, d'être plus professionnelle pour se placer sur le marché de la concurrence. C'est là le véritable enjeu. Il suffit de mettre à sa disposition une charte de l'éthique et un statut de journaliste qui peuvent être approuvés par l'Assemblée élue ou par la corporation. Tout ce qui a un rapport avec la régulation du marché - car il s'agit bien d'un marché - relèvera des compétences du conseil de l'audiovisuel ou de la presse écrite ou autre. A ce moment-là, on pourra se passer des administrations budgétivores qui ne servent ni la liberté d'expression ni les intérêts de la nation. La République a ses lois. Elles doivent être respectées par l'ensemble de la communauté.