Ali Aoun est l'exemple-type du manager des temps modernes. Transparent, compétent, efficace, ignorant le droit de réserve qui couvre pas mal de vices et de laxisme, cet homme a réussi en quelques années à redresser une entreprise moribonde et en faire un puissant outil de relance économique, de partenariat avec les étrangers, hors hydrocarbures, de prise en charge de la santé publique et de réduction de la facture liée au médicament, facture passée en quatre années de 800 à 600 millions de dollars. Mais, que de choses restent encore à faire, et à dire... Saïdal est, depuis longtemps, hors de la zone rouge. Ali Aoun, à qui elle doit cette miraculeuse résurrection, était l'invité de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression». Il rappelle que «Saïdal était au bord du dépôt de bilan (lorsqu'il) en a pris la tête en 94». Un ambitieux plan de redressement, qui n'a pas été sans chaos, a été mis en branle. Les médias, répercutant les phrases chocs de cet enfant terrible du business algérien, n'étaient pas de trop dans cette aventure. Le groupe Saïdal, explique M.Aoun, «a réalisé en 2002 un chiffre d'affaires de 5,8 milliards de dinars avec un bénéfice net de 700 millions de dinars». Loin de vouloir s'arrêter en si bon chemin, le P-DG de Saïdal dit vouloir arriver à «un chiffre d'affaires de 8 milliards pour 2003 et 10 milliards avant 2011». Ces excellents chiffres, bien entendu, ont permis à l'entreprise d'investir dans le cadre de «la mise en place du plan de sauvetage de Saïdal. La somme totale injectée est de 1,5 milliard de dinars», cela sans oublier «les contrats de partenariat avec de très grosses firmes étrangères qui placent Saïdal en première position, notamment, en matière de coopération avec les USA hors hydrocarbures». Le P-DG de Saïdal ne comprend toutefois pas pourquoi «l'IBS (impôt sur le bénéfice de la société) soit si élevé. 30 % est en effet appliqué dans les pays riches et développés». En tout, «Saïdal a versé 1,5 milliard de dinars au Trésor sans bénéficier des exonérations censées accompagner certains de ses investissements». Saïdal, avec un battant à sa tête, ne se décourage pas pour autant. Conscient de la délicatesse du secteur dans lequel il intervient pour une large mesure, Aoun ne cesse de prôner «l'adoption des médicaments génériques qui permettent de soigner tout le monde à moindre coût, de réduire la facture de l'Etat et de peser moins lourd sur les caisses de la Sécurité sociale». En tout, «Saïdal produit 157 médicaments, tous essentiels et tous moins chers que les produits équivalents importés. Ce chiffre devrait atteindre les 200 produits dans les prochaines années alors que si tout se passe bien, nous produirons de l'insuline algérienne avant la fin de cette année, réduisant sensiblement la facture dans ce domaine et rendant par là même d'immenses services aux diabétiques insulinodépendants». Le groupe, en 2001, «a produit 120 millions unités vente alors que les importateurs en ont ramené 190. Même si nous ne sommes pas sûrs si les privés ont écoulé tous leurs produits, à cause de la mauvaise gestion des stocks et des besoins réels du marché, nous pouvons dire que Saïdal satisfait 42 % des besoins du marché. Ce taux devrait atteindre facilement les 45 % en 2002 et continuer de progresser de manière positive et significative».