Le mouvement El-Islah a tenu un meeting, hier, à l'hôtel Safir. Le président du parti El-Islah, Abdallah Djaballah, a rappelé un «droit» fondamental du musulman face «aux menaces américaines qu'est le djihad». Car «la femme n'a pas besoin de l'autorisation du mari, l'enfant n'a pas non plus besoin de l'autorisation du père pour aller au djihad», précise-t-il en appuyant sa thèse sur des versets coraniques. Selon sa lecture des faits, il s'agit bel et bien de croisades, «Bush l'a dit, mais il a été rappelé à l'ordre parce qu'il l'avait prononcé par conviction». Sur sa lancée, il cite les hommes de culte américains qui avaient envoyé des messages clairs dans ce sens. Dans son allocution, face à une assistance nombreuse, il estime que le problème des Arabes se situe dans les régimes politiques en place. «La rue arabe n'est pas morte, clame-t-il, ce sont les chefs qui sont morts. Ainsi ils souhaitent que les frappes soient courtes et efficaces pour ne pas avoir à affronter la colère des peuples». Il lève les bras vers le ciel dans un geste de lassitude avant de reprendre: «Nous avons demandé de manifester notre soutien à l'Irak dans les rues, ils nous ont dit: faites-le entre quatre murs.» Il rappelle que les Irakiens ont besoin «d'aide matérielle, de moudjahidine, d'aide diplomatique, notre devoir est d'exercer la pression pourvu qu'ils daignent nous entendre», poursuit-il. Le mouvement El-Islah a invité l'ambassadeur d'Irak à Alger et des ténors tels que Mohamed Benmohamed, l'ancien ministre de l'Education qui a su faire vibrer l'assistance ou Larbi Zoubiri, l'ancien membre du comité central du FLN et ancien président de l'Union des écrivains algériens du temps du parti unique, qui a mis en exergue l'aide et l'assistance de l'Irak au peuple algérien en guerre contre la France en 1958. Le gouvernement irakien avait rompu tous les contrats de coopération avec la France pour verser les fonds au trésor du FLN, rappelle-t-il. Dans le communiqué final, le mouvement El-Islah qualifie «la menace américaine et britannique contre l'Irak de terrorisme, de crime contre l'humanité» et considère que le Livre et la sunna dictent aux musulmans de combattre ceux qui les combattent. Comme il condamne toute aide des Américains et leurs alliés, de quelque nature que ce soit. Il résume son soutien à l'Irak en 13 points essentiels: soutien du peuple irakien dans son djihad; soutien de son intégrité territoriale; appel aux régimes arabes pour condamner l'agression contre l'Irak et apporter leur aide diplomatique, militaire, économique, etc. Et d'inviter les pays frontaliers avec l'Irak à cesser leur aide militaire avant de féliciter l'Allemagne et la France pour leur position; et d'inviter la presse à dévoiler le scénario américain, les inspecteurs à être objectifs, les membres du Conseil de sécurité à respecter la charte de l'ONU. Il salue enfin tous ceux qui ont manifesté leur soutien à travers le monde et demande aux pays arabes d'ouvrir leurs frontières afin de faciliter «l'aide matérielle et humaine».